Rhône, isolement des personnes âgéesYvette a 83 ans : elle est est suivie depuis début octobre par une bénévole des petits frères des Pauvres. L’association publie une étude qui estime à 300 000 le nombre de personnes âgées très isolées en France, aux frontières de la “mort sociale”.Au 11è et dernier étage avec ascenseur d’une HLM de Villeurbanne, Yvette a tant à nous dire ! Aussitôt assise sur son canapé-lit, c’est un flot d’anecdotes. « Je ne parle pas tant que ça d’habitude. C’est vous avec vos questions ! », rigole, en regardant le journaliste, cette retraitée de 83 ans, heureuse de recevoir ce jour-là son petit “coucou” hebdomadaire de Danièle, 71 ans, bénévole à l’antenne locale des petits frères des Pauvres.Le 20 octobre, à Villeurbanne. Yvette montre à la bénévole des cartes postales rapportées d’un récent voyage organisé par les petits frères des Pauvres. Elle reçoit la visite de cette personne une fois par semaine. Photo Nicolas BALLET« Je suis célibataire, sans enfant. Je n’ai plus aucune famille.» Yvette, qui a longtemps travaillé dans la confection de vêtements à Lyon, fait partie des 609 personnes âgées isolées suivies par l’association dans le Rhône, essentiellement dans la Métropole lyonnaise. Des interventions qui contribuent à éviter cette quasi “mort sociale” que connaîtraient en France 300 000 habitants de plus de 60 ans, par définition pas toujours facile à repérer. Grâce à la densité du réseau associatif villeurbannais, soutenu notamment par la municipalité, Yvette a pu maintenir un minimum de relations sociales. Elle reçoit chaque jour la visite d’un infirmier et d’une auxiliaire de vie, qui l’aide pour ses courses et son ménage. Elle participe aussi à des animations de l’association les petits frères des Pauvres – « On joue, on danse, on nous raconte des histoires » –, qui l’a même emmenée récemment en voyage dans le Vaucluse, près de Gordes. « J’ai retrouvé les endroits où vivait mon oncle. Et j’ai tout reconnu ! », sourit-elle. Sans cela, ses contacts se réduiraient à néant ou presque, même s’il lui arrive de sortir pour aller à la banque ou à l’épicerie. « Je vis dans cet appartement depuis une vingtaine d’années. Je ne me suis jamais mariée et n’ai pas eu d’enfants, car notre père était violent avec ma mère, et cela m’a trop marquée. Avant, quand ma tante était encore dans le même immeuble, on allait jouer aux cartes ensemble. Puis, quand elle est morte, tout s’est arrêté. Je n’ai plus de famille. La journée, je la passe le plus souvent à dormir ou à regarder des jeux télévisés que j’aime bien. Quand j’entends sonner à ma porte, je suis contente ! »Yvette fait peu à peu la connaissance de Danièle. La bénévole des petits frères des Pauvres est elle-même retraitée : « On parle de tout et de rien. Pour moi aussi, c’est une activité qui compte, parmi d’autres. J’étais éducatrice spécialisée. Je me suis toujours occupée des gamins. J’étais très investie dans mon boulot. Au point, peut-être, d’en oublier le reste. Je me suis retrouvée à la retraite seule, sans enfant. Ce n’est pas un “accident” de parcours, c’est la vie », positive-t-elle, en continuant de beaucoup donner aux autres, notamment pour une association qui intervient dans un hôpital, tout en se ménageant aussi « du temps pour elle ».Je peux rester avec Yvette une heure, deux heures… Il n’y a pas de règle.Danièle, bénévole à l’association les petits frères des PauvresLa visite touche à sa fin. Danièle reste à chaque fois « entre une heure et deux heures, il n’y pas de règle ». Sur le seuil de la porte, Yvette tient à nous faire la bise à tous, en nous faisant promettre de repasser la voir.Nicolas Ballet Source : www.leprogres.fr/rhone
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