Dans le petit appartement, tout proche du centre-ville, les stores sont fermés à cause du soleil qui plombe. Sur l’écran de la télé, le tournoi de Wimbledon bat son plein.Jean, originaire de Barcelone, regrette que son favori Rafael Nadal ait été battu. Il adore le sport. « J’ai fait pas mal de vélo, avant », confie ce petit homme tranquille et discret.Avant. Avant une vie difficile, beaucoup de soucis, de lamalchance. Une galère sans nom qui l’obligera à habiter durant de longues années dans une caravane, avec d’autres cabossés de l’existence comme lui. Jusqu’à la main tenduedes Petits Frères des Pauvres et d’Ali, l’un des bénévoles. Jean, qui fêtera bientôt ses 80 ans, a désormais un toit au-dessus de la tête. Le logement qu’il occupe, moyennant un loyer adapté à ses modestes revenus, appartient aux petits frères des Pauvres.« La mer ? J’y suis jamais allé »Un chez soi, de quoi manger tous les jours et quelqu’un à qui parler et demander conseils, Jean a trouvé tout cela auprès de l’association. Et surtout d’Ali. « On se connaît depuis plus de trente ans ! » lance ce dernier. Du 17 au 28 juillet, les deux amis vont partir en vacances ensemble. Pas tout seul. Grâce à un patrimoine immobilier étoffé, Les petits frères des Pauvres accueillent tout au long de l’année des personnes isolées et démunies pour des séjours dépaysants. Jean, Ali et une dizaine de bénéficiaires, ainsi que d’autres bénévoles, vont installer leurs quartiers d’été dans une villa à la Seyne-sur-Mer. « À 50 mètres de la mer » précise Ali. Jean a-t-il prévu de se baigner ? « Non. Depuis soixante ans que je vis à Antibes, je ne suis jamais allé à la plage. Jesais pas nager, alors. » . C’est la première fois qu’il part ? « Non, mais il y a longtemps. C’était à Bormes-les-Mimosas » . Une carte postale géante du village varois trône toujours sur une étagère.Qu’est-ce qu’il attend de son séjour ? « Voir d’autres têtes ! Changer de décor ! »Ali taquine Jean : « Tu sais, on part avec plusieurs femmes, là-bas. On va essayer de te marier. T’auras plus besoin de tes médocs » . Rires de l’intéressé. « On verra, on verra » Plus sérieusement, Ali rappelle à Jean de veiller à bien renouveler son ordonnance médicale. « Ce séjour de proximité permet d’accueillir des personnes qui souffrent d’une grave maladie ou d’un handicap lourd.Nous prévoyons aide-soignante et infirmière » explique le bénévole. Le gentil blagueur revient vite au galop : « dis-moi, Jean, à part braquer une banque, tu sais qu’on peut faire toutes les animations que vous souhaitez sur place » . Jean réfléchit. Vacances et loisirs : deux mots bien loin de ses préoccupations jusqu’ici. « Y’a un jeu de pétanque ? » . « Y’a tout. Je te mettrais au barbecue, aussi » . Ali s’inquiète pour la chaleur. « On a prévu des animations, comme la visite de la rade de Toulon, une virée dans les calanques de Cassis. » . Reste une certitude : quel que soit le temps, l’amitié partagé sera au rendez-vous.
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