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Le parcours de relogement d’Henri

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Il nous aura fallu presque 5 ans pour enfin stabiliser la situation d'Henri tant nos relations avec lui furent discontinues et son parcours semé d'embûches. Ses appels à l'aide fréquents, bien que traités par nos soins, étaient toujours suivis de longs silences, malgré nos tentatives pour renouer contact. Plus d'une fois, nous avons pensé que notre accompagnement était voué à l'échec. Mais, à force de persévérance, nous avons réussi à gagner progressivement sa confiance.

Orienté par le Conseil Général en juin 2005, il était alors âgé de 56 ans, bénéficiait du RMI et était hébergé en foyer d’urgence. Nous disposions à l’époque d’un logement passerelle, une chambre que l’association louait mensuellement à la Résidence hôtelière Cap Affaires à La Madeleine, qu’il rejoignit pour quatre mois. Mais Henri, encore rétif et déstabilisé, ne s’acquittait pas de la modeste redevance que nous lui réclamions (90 euros à l’époque). Après plusieurs relances téléphoniques ou divers courriers, nous avons décidé d’aller lui rendre visite, mais c’était pour nous apercevoir qu’il avait préféré prendre la tangente. Quelque temps plus tard il a réapparu, s’est excusé et a reconnu qu’il ne pourrait s’en sortir seul. Il semblait sincère et fermement décidé à faire des efforts. Malheureusement, nous n’avions plus de solution d’hébergement disponible et l’avons orienté vers l’AIVS (Agence Immobilière à Vocation Sociale), laquelle lui a proposé un studio à Roncq, où il fut locataire en décembre 2006 avec le bénéfice du FSL, initié par nos soins. La situation semblait enfin réglée mais nous apprendrons plus tard qu’Henri faisait l’objet de plusieurs demandes de mise en jeu de garantie de loyer. Que s’était-il passé ? Les explications d’Henri et une visite sur place nous ont rapidement éclairés. Son studio avait fait l’objet d’une réhabilitation tout à fait convenable. Toutefois, les parties communes nous avaient semblé, à l’époque, en chantier. Hélas elles le sont restées si longtemps qu’elles sont tombées sous le coup d’un arrêté d’insalubrité. D’autres logements du collectif furent squattés. Dégradations, branchements clandestins sur les installations électriques et les canalisations d’eau, une pagaille épouvantable s’était généralisée, et Henri s’attirait l’inimitié des autres occupants en voulant continuer à mener sa petite vie tranquille au milieu de ce charivari. Une autre solution de logementNous nous sentions impliqués car nous avions favorisé ce relogement, en ignorant bien-sûr le guêpier dans lequel tomberait Henri. Nous avons alors décidé de lui chercher une autre solution. Après quelques recherches sur Internet, dans le cadre de l’Atelier que nous venons de mettre en place – nous en reparlerons bientôt – nous avons déniché un studio meublé situé à Villeneuve d’Ascq. Celui-ci correspondait parfaitement à ses attentes. Le propriétaire a proposé une visite et l’entretien, grâce à notre appui, fut un succès puisque la location fut conclue à compter du 1er novembre 2010, bien que le FSL, déjà sollicité pour le studio de Roncq, ne pouvait plus l’être pour les frais d’entrée dans les lieux. Depuis, nous suivons de très près l’évolution d’Henri dans son nouveau logement, modeste mais décent. Dans le monde de la location privée les choses ne sont pas simples. Les remises en état sont quelquefois partielles, d’autres ne sont que cosmétiques, et malgré notre vigilance les erreurs restent possibles. Cette affaire fait ressortir le rôle prépondérant du réseau associatif, qui se doit de dénoncer les dérives du marché privé, fief de propriétaires parfois peu scrupuleux soucieux de rentabiliser au plus vite leur investissement. Leurs victimes, souvent proches de la marginalité, font parfois le dernier pas vers celle-ci, avec le sentiment d’injustice et de défiance qui les caractérise. Henri est sorti du pétrin, mais combien d’autres ont baissé les bras ? Patrice BUTTIN et Farid DRICI

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Audrey Achekian
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