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A quelques jours de l'Epiphanie, six personnes accompagnées ont découvert les ''Illuminations de Noël'' sous l'égide de Jacques, bénévole à Paris Ouest. J'ai partagé leur soirée.

Le minibus poursuit son itinéraire rue du Faubourg Saint Honoré sous une pluie d’étoiles vibrionnantes, laissant derrière lui le sapin de 10 m dressé dans la Cour d’honneur de l’Elysée. A hauteur de la rue de Castiglione, Jacques prévient : « Attention ! Vous allez en prendre plein les mirettes ! » Et sous nos yeux la place Vendôme déploie sa « Promenade dans la Forêt enchantée », peuplée d’arbres givrés aux branches ornées de boules de gui dorées entre le Ritz et le ministère de la Justice.La magie du lieu appelle une collation. Car Jacques a tout prévu avant d’embarquer son petit monde : les thermos de chocolat chaud fait maison et les mini cakes aux fruits ! A l’extérieur, la nuit est tombée et la température frise le zéro. Il est bon de faire une pause, car la balade a commencé tôt…Le rendez-vous était fixé le 3 janvier au parking de La Madeleine à mi-journée. Jacques m’explique l’origine du projet en conduisant. Ce retraité bénévole depuis dix ans rue Bridaine, passionné de randonnées montagnardes, de paysages méditerranéens et de vélo, affectionne « l’entraide aux isolés. » Ceux que leur fragilité assigne au logis, ceux qui ne sortent plus le soir faute d’un bras ou d’un soutien. L’idée est née en sillonnant Paris sur sa petite reine pour apprécier les festivités de Noël. « J’étais enchanté. J’ai pensé aussitôt à en faire profiter les personnes accompagnées. Mais il fallait offrir une promenade à leur rythme, presque à la carte pour qu’elles apprécient. En 2009, j’ai préparé trois sorties. C’était l’émerveillement. » Cette année entre fin décembre et mi-janvier, six balades sont prévues pour répondre au succès. Un planning avec les coordonnées et le digicode des participants témoigne de son organisation. Rue Goethe, Barbara* attend, prévenue par un coup de fil. « Je ne sors plus le soir. J’ai passé plus de dix mois en 2009 en psychiatrie. Je n’avais plus de vie, j’étais désocialisée. Le programme est alléchant, on va jouer les touristes ! », explique cette femme de 66 ans.Les 10 km de bicyclette par jour pratiqués par Jacques cinq à six fois par semaine en moyenne sont bénéfiques car son rôle est physique. « C’est grâce à ça que l’on se maintient en forme » dit-il poussant le fauteuil roulant de Martha, 101 ans, sur le plan incliné situé à l’arrière. Pose un plaid sur ses jambes et repart à vive allure. Après vérification de la fermeture des portes et du port de la ceinture de sécurité, il aide Henriette*, 92 ans, à franchir le marchepied. L’installe à l’avant « pour bien voir. » Je récupère François tandis que notre chauffeur s’empresse auprès de France qui… claque sa porte, clefs à l’intérieur ! Dix minutes plus tard, le gardien résout l’incident. François est prêt. Je verrouille le battant d’une main, le soutient de l’autre, dépose les clefs dans sa poche. Et l’accompagne avec son déambulateur jusqu’au van, jonglant entre les voitures garées en épi. Nouvelle descente du pan incliné. Enième aménagement. Cette fois, l’équipe est au complet.La Tour Eiffel scintille lorsque François raconte « qu’il a réveillonné en mangeant son pamplemousse, seul. » Yvette, Chipsy son Yorshire sur les genoux, aime « être là parce que la richesse des conversations c’est de ne pas avoir les mêmes goûts et d’échanger. Depuis que maman est suivie par les petits frères, elle rajeunit, elle est heureuse. » Le véhicule quitte la place de l’Etoile lorsque Jacques annonce, « le spectacle va commencer, les artistes sont prêts ! » Sur plus de 2 km l’avenue des Champs-Elysées explose de millions de points lumineux. Installée sur la place de la Concorde, la Grande Roue dessine à l’horizon son cercle brillant transformé en gigantesque horloge en mouvement, et ferme la perspective sur la plus belle avenue du monde. Yvette fredonne Gosse de Paris** au passage du rond-point paré de colonnes vert fluo et boules vitaminées. « On dirait des fleurs » lance François. Nos « touristes » s’émerveillent devant la féérie du marché de Noël. Nous roulons au pas pour contempler les produits régionaux que livrent les exposants dans des chalets peints en blanc : santons de Provence, jouets en bois, cachemire et soie, crêpes, marrons chauds… Et L’Ice Magic, sculptures de glace éphémères. L’hôtel Crillon disparait sous des cascades d’or. La scénographie de l’avenue Montaigne suscite l’emballement : d’immenses robes sur le thème « Organdi » célèbrent ses couturiers. Elles brillent de mille lucioles garance dans les arbres. Nez collé aux vitres, d’aucuns admirent les chapelets de diamants du restaurant Prince de Galles et les draperies aux couleurs de la maison Hédiard, avenue George V. C’est riche d’images que nous rejoignons la Mecque des joailliers pour la dinette de l’entracte…J’assure le service auprès de nos amis. Jacques pousse le chauffage, met une musique de fond. « Encore du chocolat chaud ? » La seconde tournée accroche un sourire sur les lèvres. « Fascinant ! » souffle Yvette. « Nous sommes gâtés » ajoute France. Plus tard, l’Opéra de Paris immaculé nous fait face alors qu’à l’opposé, le Grand Hôtel du Louvre est couleur sang. « On dirait un immeuble en feu » jette Jacques avant de bifurquer boulevard Haussmann. Les Grands Magasins éveillent les superlatifs : dentelles mauresques aux Galeries Lafayette, pinceaux fluorescents fuchsia et violet au Printemps. « Elégant et discret » s’enthousiasme Yvette.Au retour vers 21 h, tous s’accordent : « les décorations sont moins vives que l’an passé. » « Mais, conclut François, c’était bien sympa ce petit tour dans Paris illuminé. » Yvette rappelle « que les étrangers n’ont qu’un souhait, y revenir. Ça change de la maison ! » Et la rampe de se déployer autant de fois que nécessaire pour le passage des fauteuils roulants et du déambulateur. La fourgonnette est vide. Jacques est « ravi de ce moment convivial partagé ensemble. Mon but est de modifier leur quotidien, de les sortir de leur solitude, de leur plateau télé, de l’obscurité de leur quatre murs. C’est une soirée lumière, un moment rare. Pour certains cela fait des années qu’ils ne sont pas sortis le soir. »L’engouement pour son initiative se confirme. Barbara, Yvette, Martha, France, Henriette, François et les autres se souviendront longtemps des lumières de la ville. J’espère que pour eux ce soir, logement retrouvé, paillettes plein les yeux, Paris est une fête…***Catherine Bretécher* Son prénom a été changé. ** Gosse de Paris, interprétée par Mistinguett (1929). *** Paris est une fête, Ernest Hemingway, Gallimard (1964).

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Audrey Achekian
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