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Responsable de travaux à la Fondation Bersabée

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« C'est quand même très gratifiant de prendre un chantier au départ, de le mener à bien et de pouvoir remettre les clés à son occupant, en fin de course ».

Philippe N. – responsable de travaux à la fondation Bersabée.Ne vous étonnez pas si Philippe N. s’habille en sportif décontracté : c’est un as de la petite reine et il préfère nettement sillonner les rues de Paris à vélo. Ne vous offusquez pas s’il vient au bureau une fois par semaine : son planning et ses outils de travail tiennent dans la sacoche qu’il emmène partout avec lui. Et ses réunions et autres « débriefings », il préfère les tenir dans la salle-à-manger du siège de la fondation Bersabée.À vrai dire, Philippe N. est un travailleur nomade d’un genre particulier : depuis octobre 2001, il est bénévole à la fondation, l’opérateur immobilier des petits frères des Pauvres.Un savoir-faire qui n’a d’égal que sa générosité faussement désinvolte, la fibre du bénévolat largement exercée durant sa vie professionnelle, une amitié de jeunesse avec Henri Vannerot, directeur de la fondation des petits frères des Pauvres… il n’en fallait pas moins pour déterminer la seconde carrière de Philippe N., une fois l’âge de la retraite arrivé. Il est désormais « responsable de travaux », après avoir exercé trente-cinq ans durant la fonction d’ingénieur technico-commercial.Sous l’appellation très « pro », se cache une réalité infiniment plus complexe où les relations humaines sont tout aussi importantes que les compétences techniques. Certes, Philippe N. a « la chance d’avoir un peu d’or dans les mains », un savoir-faire hérité de sa pratique assidue du bricolage, mais lorsqu’il se rend sur un chantier, ses talents de négociateur et son sens de l’écoute sont tout aussi indispensables. La fondation Bersabée développe depuis 1977 son action centrée sur le logement, en lien avec l’ensemble des partenaires petits frères. Elle achète ou reçoit en legs, aménage, gère et rénove des appartements dont les locataires sont accompagnés par les bénévoles de l’association. Avec ses 500 logements sociaux (1), et via son équipe de sept salariés et de quarante-cinq bénévoles particulièrement motivés, son action se situe au croisement de l’immobilier et du social. Depuis quelques années, les personnes de plus de 50 ans en situation d’exclusion sont de plus en plus nombreuses à occuper des logements «passerelles», en sous-location, ou des studios indépendants, loués à prix modéré par Bersabée, la hausse effrénée des loyers mettant définitivement « hors circuit d’habitat » une personne qui dispose de moins de 500 euros par mois pour vivre (2). « Sauver des gens qui seraient à la rue sans la Fondation apporte plus que de la satisfaction, avec les travaux effectués dans un logement », assure Philippe, qui ajoute : «C’est quand même très gratifiant de prendre un chantier au départ, de le mener à bien et de pouvoir remettre les clés à son occupant, en fin de course.».Jouer les médiateurs.Son champ d’intervention est vaste : la conduite et la surveillance des travaux importants, ainsi que les travaux courants d’entretien du patrimoine immobilier. À Paris, les sept bénévoles mobilisés par cette action interviennent en fonction de leur secteur géographique.Léone L. et Séverine C., les deux salariées qui s’occupent des tâches administratives et de la gestion de patrimoine, signalent à Philippe les travaux à effectuer. Il fait « le diagnostic », convoque les entreprises concernées. Après concertation avec Philippe Pernot, directeur de la Fondation Bersabée, les commandes sont passées, et le bénévole suit la réalisation des travaux : « J’ai établi un cahier des charges… et dressé des devis type pour chaque installation, ce qui me permet d’évaluer le temps de travail de chaque intervention. ».Philippe N. a un grand cahier à carreaux sur lequel il note tout : les dates de chantiers, et des différentes opérations, les bénéficiaires…Au palmarès de ses interventions, les dégâts des eaux, avec les fuites de chasse d’eau, les problèmes de clés perdues qui font que le locataire manque parfois de dormir dans la rue. Le bénévole ne compte pas les visites de chantier, ou les coups de téléphone aux petites mamies effrayées ou impatientes, lorsqu’elles doivent attendre qu’un mur ou un plafond sèche – il s’écoule parfois trois mois entre le signalement et la fin des travaux –, ni même les services rendus, comme de jouer avec succès les médiateurs entre deux locataires qui ne veulent plus se parler. Tout cela est très gratifiant, assure-t-il, sortant une lettre d’une personne, locataire depuis deux ans, manifestant sa gratitude pour «l’aménagement tout moderne [effectué] avec l’aide de M. Philippe N.», et remerciant pour l’aide apportée par l’association pour résoudre des problèmes juridiques. Il évoque encore la panique de Mme G., 83 ans, qui avait subi un dégât des eaux ; «Elle m’a appelé à 9 h du soir, parce que la toile de verre qu’on lui avait mis au plafond se gonflait comme une outre. Je lui ai conseillé d’appeler les pompiers… Ils ne sont pas venus. J’y suis allé le lendemain avec une cuvette, un poinçon et j’ai percé la toile et vidé l’eau.».Philippe n’hésite pas à sortir ses outils quand il manque trois vis à une serrure, ou pour réparer une bricole qui, sans son intervention, coûterait bien plus cher à la Fondation. Attention, prévient-il, « ce que je fais n’est pas de l’ordre de l’exploit…, mais c’est quand même une grande satisfaction de donner un coup de main, de pouvoir rendre un peu à ceux qui n’ont pas la chance d’être nés dans les beaux quartiers ! », « C’est tout simplement une question de justice », achève-t-il, prononçant ce mot à voix très basse, comme s’il était incongru ou définitivement obsolète.1. Le parc immobilier est localisé pour les deux-tiers à Paris, le dernier tiers concernant des régions où l’association est implantée : Grenoble, Lille, Lyon, Tours, Marseille, Nantes, Toulon, Antibes.2. En 2005, c’était le cas de 42 % de locataires de Bersabée, disposant en moyenne de 483,50 euros par mois (Rapport d’activités 2005).EN SAVOIR +QUELLE ACTION ?Les tâches proposées aux bénévoles de la fondation Bersabée relèvent du champ des compétences immobilières, techniques, financières et humaines. Elles sont requises pour assurer la gestion, l’entretien et le développement de son patrimoine immobilier. Outre le suivi et l’entretien des appartements, la conduite et la surveillance des travaux (5 % de l’ensemble du parc immobilier est rénové chaque année), le suivi des dossiers des quelque 160 copropriétés dans lesquelles la fondation est partie prenante, la gestion des sous-locations… Bersabée recrute également des bénévoles compétents pour rechercher et négocier l’acquisition de nouveaux logements, assurer la veille juridique et réglementaire.OÙ ?Paris, Grenoble, Lille, Lyon, Tours, Marseille, Nantes, Toulon, Antibes.RÉSEAUX MOBILISÉSLes corps de métier du bâtiment : plomberie, électricité, peinture, serrurerie, les bénévoles de Bersabée, l’équipe de sept salariés, les partenaires internes à l’association : l’association de médiation locative Champ Marie, l’Association de gestion des établissements (PFP-AGE), les responsables et bénévoles des résidences Gautier- Wendelen, la Jonquière et Vincent-Compoint, la pension de famille Anne-Marie-Blaise du Centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), le Radeau, les réseaux sociaux des municipalités concernées…SIGNES PARTICULIERSPouvoir allier des compétences techniques et humaines.CONTACT

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Audrey Achekian
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