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Quand on prend en charge une personne, il faut la considérer comme un être à part entière et l'accompagner de façon suivie et attentive .

Jacques VILLEZ – bénévole « Tutelles » à Lille

Lorsqu’on lui demande pourquoi il a choisi d’intégrer le service Tutelles de la fraternité lilloise, alors qu’il aurait pu jouir d’une retraite bien méritée, Jacques Villez, 86 ans, n’hésite pas : «Si l’on prend l’étymologie de “bénévole”, benevolus veut dire “vouloir du bien”. Rien que cette définition apporte une réponse à ce que l’on peut souhaiter : vouloir du bien aux autres… C’est, je pense, une de mes motivations.».

Jacques Villez est entré chez les petits frères, en 1986, alors qu’il venait de faire valoir sa retraite. 

Antiquaire de profession, il prend alors en charge les expertises de meubles et objets précieux, et participe à l’organisation des grandes ventes de l’association.

En 1994, après le décès de sa femme, il décide de consacrer le temps dont il dispose désormais au service des plus vulnérables. À savoir les personnes accompagnées dans le cadre des mesures de protection. À Lille, le service Tutelles a été créé en 1989 pour répondre à un réel besoin, et assurer en même temps que la gestion administrative l’accompagnement relationnel qui est la marque des petits frères.

La plupart du temps, explique Jacques Villez, une personne en difficulté est signalée par une assistante sociale. Un signalement est fait au juge des tutelles, qui mandate l’association à la sauvegarde de justice, mesure d’urgence destinée à protéger la personne. «La sauvegarde de justice nous donne un plein pouvoir momentané. Si la personne conserve sa tête, elle peut encore signer.

C’est une période d’observation pour voir si elle a besoin d’être en tutelle

En général, on passe au stade suivant au bout d’un an, compte tenu de l’âge des protégés. Le juge intervient suivant le rapport que nous faisons et peut décider d’une mesure plus sévère.»

«Mesure de transition », la curatelle limite la personne dans ses droits, même si elle conserve une certaine autonomie dans les actes de la vie courante. Le tuteur prend le relais d’une personne sous tutelle. L’association gère alors l’ensemble de ses biens, avec sa participation, si elle en est capable.

Les petits frères des pauvres à Lille

Agréés par le Tribunal d’instance pour accomplir cette mission, les petits frères lillois accompagnent aujourd’hui seize personnes touchées par la maladie d’Alzheimer, la sénilité, un handicap physique ou psychique…, en difficulté sociale ou en état de précarité. Leur moyenne d’âge est de 74 ans pour les hommes et 83 pour les femmes. Huit d’entre elles vivent encore chez elles, ce qui représente un travail d’accompagnement social régulier, ne serait-ce que pour leur garantir des conditions d’existence décentes. 

Outre la gestion des actes de la vie courante, il s’agit surtout, pour Jacques Villez «d’être au plus près des personnes afin de leur apporter un certain confort de vie ».

Dans le bureau des tutelles de la fraternité lilloise, la photo de chaque personne est affichée sur le mur, pour montrer, s’il en était besoin, que chacune d’elles est bien plus que le dossier administratif qui la concerne. Ses dossiers, Jacques Villez les connaît par (le) cœur. Il pourrait raconter des histoires de personnes abandonnées, tellement fragiles qu’elles se laissent trop facilement dépouiller, font des chèques en blanc à la première personne qui leur manifeste un peu d’attention…

L’accompagnement aux personnes en précarité sociale

Ainsi Henri, accompagné les dix dernières années de sa vie. «Quand nous avons pris contact avec lui, il vivait seul dans son appartement. Il s’est rebiffé, lorsqu’on lui a dit qu’il était sous tutelle : “Alors je ne suis plus rien du tout !” “C’est pour vous empêcher d’être spolié comme vous l’avez été”, lui ai-je répondu. Sur le moment, il était fâché. 

J’ai eu deux trois algarades avec lui au début, et ensuite il était charmant ».

Une bienveillance inaltérable

Jacques se souvient des promenades au bois de Boulogne et de ses visites deux fois par semaine à ce monsieur «pour qui la Grèce antique n’avait pas de secret ». Et qui a pu finir sa vie dans un certain apaisement, malgré son dénuement et la maladie de Parkinson qui le clouait dans un fauteuil roulant. Quand on lui demande s’il ne faut pas un moral à toute épreuve pour faire face à de telles détresses, le bénévole aguerri plisse à peine les yeux avant de répondre : «Je vis cela de façon sereine, dans la mesure où je leur apporte quelque chose. 

Lorsqu’on voit que la personne se stabilise, qu’on lui apporte ce qui lui convient, cela donne une certaine satisfaction », apprécie-t-il.

L’ancien antiquaire, expert près la cour d’appel de Douai, balaie d’un revers de main les qualités exceptionnelles qu’on lui prêterait volontiers, assume une philosophie du «doute sceptique» héritée de Montaigne, qui l’autorise à toujours laisser une porte ouverte à l’espoir, évoque à mi-mots la perte de l’épouse qui lui a fait comprendre combien une présence pleine et entière pouvait adoucir une fin de vie.

Il ne revendique aucune compétence particulière, pour mener à bien ce type d’accompagnement : elles «s’acquièrent en faisant ». «Il faut être attentif, tirer les leçons de ce qu’on a vécu, c’est la base de la compétence », ajoute-t-il, lâchant cette profession de foi en matière d’accompagnement : «Quand on prend en charge une personne, il faut la considérer comme un être à part entière et l’accompagner de façon suivie et attentive ».

Le bénévolat au sein de Petits Frères des Pauvres

Tout juste avoue-t-il que ce bénévolat pour personnes agées exige une certaine disponibilité : le bénévole peut être appelé à tout moment. Lorsqu’il s’agit de personnes malades, il faut pouvoir être réactif face à un événement imprévu. «Souvent, conclut-il, on arrive pile au moment où la personne a besoin de vous. Comme une espèce de guide qui nous emmène juste là, on ne sait pas pourquoi ! Ce qui permet d’éviter une catastrophe à dix minutes près… ».

C’est cette grâce particulière, doublée de «l’esprit petits frères », dont il gratifie volontiers l’ensemble du service Tutelles lillois, qui lui permet de persévérer dans cette bienveillance envers les plus démunis : «J’ai quand même eu peur au début ; je me disais : je suis déjà un vieux bonhomme. Qu’est-ce que je vais apporter à ces personnes qui ont besoin de fraîcheur et de jeunesse. Finalement, je ne réussis pas trop mal à être accepté par eux ! ».

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Audrey Achekian
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