La parenthèse qui ressource les batteries, la bulle qui illumine le quotidien… Les vacances, font rêver petits et grands. À l’occasion de notre exposition photos « Souvenirs de vacances » au lieu d’accueil, d’animation et d’innovation de notre Association, 6 personnes âgées ont accepté de partager avec nous leur meilleur souvenir de vacances d’enfance. Dans des décors reconstitués à partir de leurs réminiscences, les compositions nous plongent dans une parenthèse onirique et nous transportent dans ces moments suspendus propres aux vacances. Les photographies ressuscitent le passé pour montrer combien l’extraordinaire pulsion de vie, de découverte et de rencontres ne s’étiole pas avec l’âge.
Dominique, 75 ans : « On allait au bord de la mer ... »
Dominique a grandi à la campagne. Il a eu une enfance pleine de jeux et de liberté. Ses premières vacances en famille au bord de la mer l’ont marqué à jamais. La douceur marine, les visites de la région, la pêche aux crabes colorent les souvenirs de ses vacances d’enfant.
« Quand j’étais jeune, j’ai eu l’occasion de partir en vacances au bord de la mer, au Tréport. J’avais de la famille là-bas, des cousins. On allait se baigner avec eux, à la pêche aux crabes, visiter un peu la région. Vers 15-16 ans, on avait été en camping là-bas, c’était formidable, il y avait plein de jeux, on était libres, on rentrait à n’importe quelle heure, on allait se baigner, on était décontractés… C’est formidable, les vacances ! »
Marta, 86 ans : « Et j’entends siffler le train... »
Marta est d’origine équatorienne, elle a grandi à Quito avec sa grand-mère. Elle se rappelle particulièrement son premier voyage à travers l’Equateur dans le célèbre train “El nariz del Diablo” (le nez du diable) alors qu’elle n’avait que 5 ans.
« Le meilleur souvenir de ma vie, c’est le voyage que j’ai fait dans un train ancien qui va de Quito à Guayaquil, en Equateur. Il marche avec de la vapeur. J’étais toujours émerveillée, à regarder partout. À chaque arrêt en gare, il y avait beaucoup de monde qui montait à bord pour vendre des choses à manger. En Equateur, on les appelle des « Cosas Finas ». »
Jean-Paul, 72 ans : « J’ai deux amours, mon pays et Paris... »
Jean-Paul, enfant du Maroc venu habiter à Paris avec ses parents, se souvient du camping comme une expérience formidable mais le souvenir de vacances qui demeure le plus excitant à ses yeux, c’est précisément lorsqu’il n’est pas parti. Depuis le pont d’un bateau mouche, le défilé des monuments de Paris l’a saisi et émerveillé.
« Je partais de temps en temps en camping, c’était super car je ne connaissais pas. Mais surtout, un été, mes parents m’ont emmené visiter Paris en bateau Mouche. C’était super de voir les monuments de Paris comme ça, vraiment formidable ! »
Françoise, 78 ans : « La mer, qu’on voit danser... »
Françoise n’a pas vécu une enfance joyeuse, avec une mère indifférente et un père inconnu. Parce qu’elle vivait dans une famille nombreuse, elle ne partait pas en vacances. Son rêve d’enfant : voir la mer ! C’est avec son premier salaire, à l’âge de 19 ans, que Françoise est partie en vacances pour la première fois. Accompagnée d’une amie, elle s’est offert une semaine en bord de mer.
« Je ne suis jamais partie en vacances dans mon enfance, mes parents n’avaient pas d’argent. J’ai découvert la mer à 19 ans. Je suis partie avec une copine avec mon premier salaire. On allait sur la plage, on se faisait griller sur le sable du matin au soir ! Et ça, c’est vraiment un très bon souvenir. C’étaient mes premières vacances. Lorsque je suis revenue travailler à l’hôpital, j’avais bien bronzé, j’étais toute noire ! (rires) »
Patrick, 65 ans : « C’est un beau roman, c’est une belle histoire... »
Patrick, parisien, se rappelle ses étés passés dans des familles d’accueil à la campagne. Pour ce rat des villes, la découverte des champs, des bois et de la liberté est enivrante. Son souvenir de vacances le plus fort s’est joué dans un square, en été. Une belle histoire avec une petite fille au vélo rouge…
« C’était la fin de l’enfance et le début de l’adolescence. J’ai croisé une fille qui devait avoir à peu près mon âge, 11 ans. C’étaient les premières émotions. C’était très surprenant. Ce sont des instants où on ne sait pas trop ce qui nous arrive. Et on s’est regardés pendant presque deux semaines, on ne s’est jamais adressé la parole. Pendant les vacances, on est beaucoup plus disponibles, on est moins oppressé par plein d’obligations, on est plus libres… et là, je pense que ça a déclenché des choses qu’on ne maîtrise pas, qu’on ne veut pas, qui nous surprennent… »
Raymonde, 81 ans, « Près des autos tamponneuses... »
Raymonde a vécu à Aubervilliers (93) une enfance pas toujours rose. Ses seules échappées, elle les trouvait à la fête foraine dans laquelle elle flânait pendant des journées entières. Elle était bien connue des forains qui lui offraient un peu de chaleur, de générosité et de gentillesse.
« Quand j’étais jeune, je n’allais pas en vacances. J’ai de bons souvenirs de la fête foraine, entre 3 et 5 ans. Ça n’a pas duré longtemps car on n’arrivait pas à joindre les deux bouts avec ça. Il y avait plein de manèges et ils étaient tous gentils avec moi. Ça me changeait un peu ! Même si je n’étais pas heureuse, on dormait par terre, mais ce sont mes meilleurs souvenirs. Ils m’amenaient des grosses boites de bonbons ! »
Aujourd’hui, ces personnes âgées sont accompagnées par les Petits Frères des Pauvres et bénéficient des séjours vacances organisés par notre Association. Pour eux, ces moments sont précieux…
