La population vieillit. Les banlieues et les quartiers prioritaires ne sont pas épargnés par ce vieillissement. Pour l’association Petits Frères des Pauvres, il devient essentiel d’intégrer les enjeux et les problématiques du grand âge aux politiques publiques pour lutter contre l’isolement des personnes âgées, en particulier dans ces territoires.
Logement et adaptation
Le maintien à domicile est une problématique majeure pour les personnes âgées. Les Petits Frères des Pauvres recommandent un plan de rénovation et de développement massif de l’offre de logements adaptés au grand âge dans les quartiers prioritaires comme les « résidences autonomie ».
L’adaptation de logements individuels ou d’immeubles collectifs existants (installation d’ascenseurs, facilitation de l’accès aux étages, mise en place d’équipements de sécurité) devient incontournable face à la perte d’autonomie des personnes âgées, en particulier parmi les populations les plus précaires. Faciliter l’accès au dispositif « MaPrimeAdapt’ » pour les plus modestes fait également partie des solutions retenues.
Aussi, systématiser l’instauration de visites par les bailleurs, thérapeutes et autres acteurs sociaux chez les résidents d’un certain âge pour déceler des signes de fragilité et anticiper leurs besoins comme des aménagements de leur logement ou des suivis médicaux.
Quartier, services et mobilité
Au-delà des logements, la configuration même des banlieues et quartiers prioritaires n’est pas ou peu adaptée au vieillissement de leur population pourtant manifeste, comme le montre notre recueil « Paroles de vieux de banlieue et vieux de quartiers ».
Trottoirs dégradés, transports collectifs inaccessibles ou trop éloignés et manque de services de proximité compliquent considérablement le quotidien de nos aînés. Les Petits Frères des Pauvres insistent donc sur la nécessité de former urbanistes et architectes aux réalités de la transition démographique et de prévoir, dans chaque projet de rénovation urbaine, un volet dédié à la mobilité des personnes âgées.
Offrir des solutions de transport souples et encourager l’implantation de petits commerces (par incitation fiscale) dans les quartiers prioritaires permettrait également de réduire l’isolement et maintenir la dignité des personnes âgées dans leur environnement.
Le lien social et l’accès aux droits
Une grande partie des témoignages recueillis souligne l’isolement dont souffrent les personnes âgées dans les quartiers prioritaires. Les Petits Frères des Pauvres préconisent de penser et multiplier les espaces non-marchands afin de favoriser le lien social et faciliter les rencontres intergénérationnelles dans ces territoires.
Sensibiliser les acteurs locaux, inciter les bailleurs sociaux à nommer des « référents seniors » et mieux former les gardien(e)s d’immeubles sont des mesures simples qui permettraient de prévenir l’isolement des personnes âgées dont la santé physique et mentale se dégrade.
Dans le même temps, faciliter l’accès aux aides sociales devient prioritaire. La simplification des démarches administratives, un accompagnement humain dans ces démarches au sein des administrations ou même la création d’un label pour des artisans et associations formés aux problématiques du grand âge peuvent faire la différence. Chacun d’entre nous doit pouvoir disposer d’informations claires et fiables pour ne pas renoncer à ses droits et en particulier les plus fragiles.
La lutte contre la pauvreté
Enfin, le volet économique demeure un axe essentiel : parmi les personnes interrogées, un nombre significatif vit avec des ressources en dessous du seuil de pauvreté et l’augmentation récente du coût du logement et des dépenses courantes ne peut qu’aggraver des situations déjà critiques.
Les Petits Frères des Pauvres plaident pour revaloriser significativement les minimas sociaux destinés aux personnes âgées et invitent les acteurs concernés à collecter des données plus précises sur la perte d’autonomie et la précarité financière (notamment via l’APA) afin de mieux dimensionner les politiques publiques.
Sans un effort accru sur la lutte contre la pauvreté, nombre d’initiatives resteront inefficaces, voire inaccessibles aux plus fragiles.
Découvrez l’ensemble des témoignages et des préconisations des Petits Frères des Pauvres. Vous y trouverez notre enquête qualitative menée sur 137 personnes âgées de 52 à 100 ans, habitant en France métropolitaine, Guadeloupe et Martinique. Je découvre.