Quand Georges est au micro et Josette à l’accordéon, les convives posent leurs couverts et entonnent : « Prends un enfant par la main… ». Auparavant Josette, qui dissimule sa cécité derrière des lunettes noires, s’est présentée : « J’ai perdu mon mari en 2000 et mon compagnon de la maison de retraite vient de mourir. Il avait Alzheimer. À vous tous, j’apporte quand même ma joie ». Comme elle, les invités des Petits frères des pauvres sont seuls dans la vie.Ce 25 décembre, l’association leur offre un repas de fête et surtout, un moment de partage. Claudine, 72 ans, a été amenée ici par l’une des 30 bénévoles qui font le service, avec toujours un petit mot gentil. « C’est mon premier Noël depuis douze ans car mes enfants sont loin. Et je trouve cet événement formidablement humain ». Elle espère que tout à l’heure, un cavalier la fera valser.« Un ballon d’oxygène » Ils ne se doutent pas de la surprise qui va accompagner la bûche, le champagne et le père Noël : Michèle Delaunay soi -même, la ministre déléguée en charge des personnes âgées et de l’autonomie. « C’est la première fois qu’elle vient ici », annonce Georges. « Le changement, c’est maintenant ! ».La ministre embraye : « Nous sommes tous des petits frères ! Le père Noël est ici, un peu fatigué car il finit sa journée. » Georges la remercie au nom du président de l’association, Aurélien Marquot pour ce témoignage d’affection : « Pour nous, votre présence est un ballon d’oxygène ! ».Michèle Delaunay renvoie l’ascenseur : « Les petits frères des pauvres le sont aussi pour moi parce très engagés dans la lutte contre l’isolement des personnes âgées ».La ministre tombe la veste, entonne « Petit papa Noël », bat la mesure avec les mains, et se lance dans la distribution de cadeaux : un châle pour les dames, des chocolats de l’ambassadeur pour les messieurs. Et n’hésite pas à claquer la bise. Elle adore. Marie Récalde aussi. Aujourd’hui, il n’y aura pas de message politique, même si la députée de la circonscription Marie Récalde, s’est jointe à la visite ministérielle.Au fait, où en est son projet de déambulateur design ? À Paris, elle a rencontré tous les professionnels et visité l’école de Saint-Étienne. « Philippe Starck m’a dit banco pour participer à titre d’amitié, à moi de trouver le fabricant. Il y a un vrai marché. Aux États-Unis, la silver economy augmente de 15 % par an. Ca va shooter les entreprises. À l’époque d’Internet, la génération du baby-boom ne veut pas vieillir ringarde ! ».« Loin de notre famille » Réunis autour d’une table, les anciens combattants marocains ignorent tout du déambulateur design mais connaissent le prix de ces agapes conviviales qui les extirpent pour quelques heures de leur solitude : « Pour toucher notre pension ou le minimum vieillesse, on est obligés de passer six mois de l’année en France, loin de notre famille ». Il veut prendre le micro pour dire sa reconnaissance. Georges conclut : « Merci à tous d’être venus défendre la France ! »Michèle Delaunay et Marie Récalde font passer les assiettes. « Et viva Espana… » Claudine est ravie, ce paso est pour elle. Le cavalier est une cavalière, mais au diable les exigences. «La dernière fois que j’ai dansé, c’était avec un monsieur de 84 ans. Tout le monde nous regardait !».Dominique ManencSud Ouest – 26 décembre 2012
27 novembre 2024
Chèque énergie 2024 : une aide essentielle pour lutter contre la précarité énergétique
Lire l'actualité20 novembre 2024
Colis de Noël : nos bénévoles se préparent à livrer les aînés les plus isolés
Lire l'actualité