Au tout début du mois de décembre, je reçois un appel téléphonique d’une amie, engagée au service de l’église. Tu sais, me dit-elle, je connais une personne âgée de 85 ou 90 ans, vivant seule à la suite du décès récent de son mari. Elle a beaucoup de peine. Ce couple a porté le deuil d’une enfant disparue prématurément. Je pense que si vous pouviez faire quelque chose pour elle à Noël, ne serait-ce qu’une petite attention, un cadeau, cela la réconforterait. D’autant plus, poursuit mon amie, qu’elle vient de subir une agression de la part de voyous.Oui, nous pouvons offrir à cette personne une attention, un cadeau, et peut-être plus si elle veut se joindre à nous pour fêter Noël à l’école Jeanne d’Arc, lui ai-je répondu.Me voilà sonnant à la porte de la vieille dame. En attendant l’ouverture de l’huis, ses voisins viennent à ma rencontre. Ce sont des connaissances. Tu sais, nous l’observons du coin de l’œil, elle vient d’être agressée, nous regardons qui sonne à sa porte ! De toute évidence, cette personne vit dans un entourage bienveillant. Mais, lorsque je décline l’objet de ma visite, la réponse de ses voisins est celle-ci: tu sais, elle ne fréquente personne et n’ouvre pas ses volets, elle ne viendra pas ! Je réponds; ce sont justement ces personnes là que nous invitons. La porte s’entrouvre. Par l’entrebâillement, je vois une petite personne, sur la défensive. Je décline mon identité ainsi que l’objet de ma visite. Des perles coulent sur ses joues. M’ayant écouté, elle me déclare:«non, je ne viendrais pas, Monsieur, ce n’est pas pour moi, mais je connais votre réveillon, je suis déjà venue à la messe à la chapelle à cette occasion». J’insiste, elle essuie ses larmes… me raconte l’agression dont elle a été victime «Ils m’ont tout pris, vous savez; tout sauf la vie!». J’ai su qu’en plus de son argent, les bijoux de son enfant avaient été dérobés, et avec eux, des souvenirs précieux. Je m’en vais en déclarant que je reviendrais lui glisser l’invitation dans sa boîte aux lettres.Ce que je fis dès le lendemain en ajoutant un petit mot lui expliquant notre joie de la compter parmi les invités, lui assurant que son couvert serait mis.Trois jours passent, aucune réponse, Noël approche. Il ne reste que deux jours. Je lui téléphone. Et je l’entends répondre «Vous avez déjà fait beaucoup pour moi, Monsieur, je ne viendrais pas, je viendrais à la messe». – Mais, Madame, je n’ai encore rien fait, si ce n’est de vous inviter ! – Oui, mais c’est déjà beaucoup ! Je me suis dit, finalement, l’action est simple, il s’agit juste d’apporter un carton d’invitation rouge.Et nous voici plongés dans l’action de Noël.Les rôles étant distribués, les bénévoles sont allés chercher les invités, la messe va commencer. Et la voilà, vers le fond de la chapelle, discutant avec une autre de nos invitées.Je vais l’accueillir et lui renouvelle notre invitation au repas. Surprise ! Oui, je vais rester, je ne connaissais personne, mais il y a mon amie qui reste, Je ne serais pas seule.Après le passage du Père Noël, je lui dis à bientôt. Elle veut rentrer à son domicile, en pleine nuit, à pied, de crainte de déranger.Je la croise, début janvier, près de la Mairie. Je l’aborde en lui exprimant mes meilleurs vœux. Vous pouvez venir rencontrer votre amie à notre accueil, si vous le souhaitez . Elle lève son visage vers moi : vous avez encore votre femme ? , me demande-t-elle. Oui, Madame, grâce à Dieu . Vous avez de la chance, vous savez. J’ai tellement de choses à faire; c’est dur vous savez, c’est très dur ! Oui, j’ai de la chance. J’en suis persuadé au regard de ce que vit et exprime cette personne. Peut-être ne lui avons nous offert qu’un Noël ? Mais qui sait ?René Stéfani
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