C’est un drôle de musée qu’annonce un parterre de pensées bleues, blanches et rouges, disposées comme le drapeau français dans la grande cour du Mas Magali , où s’ébat une armée de bêtes à poils et à griffes ! C’est un musée extraordinaire… Nous sommes allés le visiter un après-midi de juin avec deux de nos Vieux amis, Renée et Roger, nés eux-mêmes deux ans après la fin de la « Grande guerre »…Ce Mémorial 14/18 a été conçu, approvisionné, trouvaille après trouvaille, par Maryse Dupont, une provençale et l’aînée d’une famille modeste de onze enfants de la région d’Apt. A la mort de son mari, employé de mairie, il y a vingt cinq ans, Maryse, désemparée, s’est trouvée deux vocations, l’une à partir de deux douilles d’obus qu’elle possédait, la seconde, de son amour pour les animaux. Il y a ceux des autres qu’elle garde en pension et ceux qu’elle recueille sur les talus des routes et dans les poubelles… Dieu sait combien elle a enterré de chiens et de chats dans le « carré » planté de fleurs qui leur est réservé ! Plus très jeune et de ces gens qu’on dit sans âge , infatigable quand il s’agit de donner un coup de main, une vaisselle, lors d’un banquet, de dépanner une personne malade, Maryse organise ses longues journées entre sa tribu à poils et le Mémorial des Poilus qui est ouvert de l’aube jusqu’au soir, sans limites d’horaires. Maryse -on l’aura compris- ne fonctionne pas selon les lois ordinaires ! En dix ans, son musée, pourtant difficilement trouvable, a acquis une telle renommée que les collectionneurs viennent de loin tandis que les écoles s’y déplacent en nombre, lors des fêtes nationales…Le 24 juin, c’est notre tour ! Sous la houlette de notre hôtesse qui nous abreuve d’anecdotes et explications, nous parcourons des yeux les vitrines remplies de ces trésors des tranchées. Il y a, bien sûr, les douilles d’obus de tous calibres transformées en lampes, en vases, en bouillottes… Ce qui touche, c’est l’histoire personnelle du Poilu derrière chaque objet : cet adorable vase à violette destiné à la femme aimée, ces encriers-porte-plumes, en manière de ne m’oubliez pas , ces Vierges Marie minuscules, témoignage de foi, et les briquets estampillés, en forme de sous marin, de pistolet, de casque à pointes… Le briquet orné du chien qui porte un képi (ces chiens qui ramassaient les képis sur les champs de batailles), et les cœurs, les croix, les miroirs, travaillés dans le bois, le laiton, la pierre, le tissu… Souvenirs poignants, exécutés dans des conditions si particulières d’effroi ou de tranquillité relative…Maryse ouvre pour nous Le livre des morts de Châteaurenard, de courts hommages du curé aux enfants du village tombés pour certains deux semaines après la déclaration de guerre… Enfin, ces lettres qui étaient plombées et que le Maire ou le garde champêtre avait charge de remettre aux familles… On voudrait s’attarder, poser encore et encore des questions… Maryse nous a préparé un bon goûter qui fait saliver chats et chiens ! Elle nous raconte son premier voyage en train, il y a deux ans, pour visiter Verdun !Au fil des échanges, Renée et Roger s’aperçoivent qu’ils se connaissent et ne s’étaient pas revus depuis quarante ans ! Il faudra rattraper le temps perdu… Renée, le lendemain, nous envoie un message : Quand je suis rentrée chez moi, c’était 20 heures passées, au lieu du retour prévu à 17 heures 30… Quelle belle journée ! Marie-Charlotte Bouton
27 novembre 2024
Chèque énergie 2024 : une aide essentielle pour lutter contre la précarité énergétique
Lire l'actualité20 novembre 2024
Colis de Noël : nos bénévoles se préparent à livrer les aînés les plus isolés
Lire l'actualité