Un robot qui vérifie la prise de médicaments, détecte les mouvements anormaux, fait faire de la gymnastique ou propose des exercices pour travailler la mémoire des personnes âgées ? Ce n’est désormais plus une fiction mais bien la réalité dans quelques Ehpad ou services hospitaliers de gériatrie en France. Plusieurs sociétés se sont lancées dans la fabrication de ces robots, toujours plus innovants, qui sont censés apporter une aide au quotidien ou une compagnie comme ces robots en forme de chien ou d’otarie.
Une opposition marquée aux robots
Mais pour nombre d’entre vous, questionnés par les Petits Frères des Pauvres sur Facebook et Twitter, ces robots suscitent de la crainte. Vous êtes 72 % parmi les 241 votants sur Facebook et 47 % sur 30 votants via le sondage Twitter à vous déclarer « contre ». Pour vous, si ces robots peuvent constituer une aide pour le personnel soignant débordé, ils ne peuvent pas se substituer à l’humain.
Sur Facebook, Marie R. résume : « Oui dans le cas où ils assistent le personnel humain mais ne le remplacent pas » tandis que Philo K. s’exclame « Où va-t-on ? Pour déshumaniser, rien de tel qu’un robot. Horreur ! ».
Des robots pour aider les personnes âgées en maison de retraite, vous en pensez quoi ? #PersonnesAgees #robotique #ehpad
— Petits Frères des Pauvres (@PFPauvres) 9 mai 2019
Les robots, assistants des personnes âgées ?
Certains y voient tout de même une aide, comme Wendy H. : « De base je suis contre mais tellement de personnes âgées sont à cours de mains pour les aider alors s’il faut en venir par-là, les robots pourront au moins les satisfaire. Mais on ne doit pas non plus négliger le fait qu’elles aient des robots pour dire « c’est bon, elles n’ont plus besoin d’aide » ».
Les équipes de bénévoles Petits Frères des Pauvres et de personnes accompagnées ont récemment pu s’exprimer à ce sujet lors d’une rencontre en Bourgogne et y ont vu un intérêt pour se libérer des contraintes ménagères au domicile : port de charges lourdes, aide au transport…
Les personnes âgées, curieuses
Lors des premières expérimentations auprès des personnes âgées, il semble que les retours aient été plutôt positifs, comme l’expliquait Laurence Devillers, professeur en informatique appliqué aux sciences sociales à la Sorbonne et chercheuse sur les interactions homme/machine, au micro de France Inter en mars 2019 : « De façon surprenante, il n’y a pas du tout eu de rejet. Il y a plutôt eu de la curiosité et de l’amusement. Mais le fonctionnement reste un peu opaque pour eux », décrit-elle.
Les robots, accélérateurs d’isolement ?
Pour les Petits Frères des Pauvres, les robots peuvent être utiles s’ils sont au service de la personne mais ne doivent en aucun cas se substituer à l’être humain. En effet, ils peuvent représenter une aide pour la personne âgée au quotidien mais ne sauraient remplacer une vraie relation humaine et des liens sociaux. Par exemple, en Ehpad, le robot ne doit pas réduire le nombre de passages du personnel soignant au risque de couper la personne âgée de contact humain, essentiel à tous.
À domicile, le robot qui propose des jeux ou des exercices physiques ne doit pas dissuader la personne âgée de sortir pour rencontrer d’autres personnes ou prendre l’air dans un parc.
Malheureusement, de nombreuses innovations contribuent à une marchandisation du lien social. Pour les Petits Frères des Pauvres, la vulnérabilité et la vieillesse ne doivent pas constituer un modèle économique.