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Comment les personnes âgées vivent ce reconfinement : elles témoignent

Au quotidien, comment nos aînés vivent-ils ce deuxième confinement ? Leurs témoignages. © pikselstock/ Shutterstock.com
Au quotidien, comment nos aînés vivent-ils ce deuxième confinement ? Leurs témoignages. © pikselstock/ Shutterstock.com

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Alors que le confinement est prononcé jusqu’au 1er décembre, comment nos aînés, déjà éprouvés par le premier confinement, ont-ils vécu l’annonce de ces mesures ? Comment se sentent-ils pour la période à venir ? Les Petits Frères des Pauvres leur donnent la parole.

En juin 2020, le dernier rapport des Petits Frères des Pauvres/ Institut CSA Research montrait que lors du premier confinement 32 % des Français de 60 ans et plus avaient ressenti de la solitude tous les jours ou souvent, soit 5,7 millions de personnes. Pour nos aînés, le confinement avait aussi des conséquences négatives sur leur vie : pour 41 % des personnes âgées, il avait un impact négatif sur leur santé morale et 31 % sur leur santé physique. 

Alors qu’une nouvelle période de confinement est à l’œuvre jusqu’au 1er décembre, nous avons voulu recueillir les témoignages des personnes âgées que nous accompagnons pour comprendre comment elles vivaient ce reconfinement.

Le manque des sorties

« Cela m’embête un peu le reconfinement parce que moi je suis toute seule. Pour faire mes courses, j’ai trouvé le système : je fais mes courses pour une semaine et après je ne sors pas. Si je sors, je vais au bout de la rue pour voir des amis. Mais je ne vais pas plus loin. Ça me change beaucoup car avant, je partais me promener tous les matins, soit dans Clichy, soit dans Paris pour voir les magasins, me promener. Ça me changeait de mon quartier. Moi je suis en HLM, il n’y a pas grand-chose autour de vous… Je préfère prendre le bus pour aller dans Paris pour me promener, discuter avec des gens… Ce n’est pas pareil lorsqu’on est confiné. Là on peut parler avec des gens mais… vous avez peur. Moi j’ai peur, peur de parler à quelqu’un sans savoir s’il a le virus. C’est compliqué… 
Ça me manque de ne pas sortir tous les jours. Ça m’empêche même de manger. Avant le midi je mangeais parce que j’avais fait mon petit tour alors j’étais un peu fatiguée. Là, je ne mange plus le midi. Je n’ai pas faim parce que je ne prends pas l’air !
», Agnès, 81 ans, vit à son domicile et est accompagnée par les Petits Frères des Pauvres de Clichy (92) depuis 2 ans.

Sans les visites des bénévoles, le vide

« Cette annonce de reconfinement m’a fait pas mal réfléchir. Le précédent confinement a été dur, j’espère que celui-là ne sera pas aussi long ! Cela a été quand même très contraignant ! Et puis après le décès de mon mari en novembre 2019, le Covid-19 a été un déclencheur… J’avais tenu jusque-là mais avec le coronavirus et son décès, j’ai craqué, je n’en pouvais plus… Aujourd’hui je suis sous antidépresseurs et anxiolytiques. Se retrouver enfermée comme ça… heureusement qu’il y avait tous les bénévoles des Petits Frères des Pauvres qui m’ont soutenue, qui m’ont téléphoné, et qui permettaient d’être un tout petit moins isolée. À part au téléphone, je ne parle à personne. 
Les bénévoles qui venaient me voir vont être obligés aussi d’appliquer ces mesures. Ils font tout ce qu’ils peuvent mais ils n’ont pas tous les droits non plus ! Je suis sûre que ça doit les pénaliser aussi. Mais pour les personnes à domicile qui sont contentes de vous voir, d’un coup quand on n’a plus personne, ça fait un vide.
», Danièle, 61 ans, vit à son domicile et est accompagnée par les Petits Frères des Pauvres de Brives (19) depuis janvier 2020.

Je ne mange plus le midi. Je n’ai pas faim parce que je ne prends pas l’air ! 

 

Des contraintes pour sortir

« Ça a été dur cette annonce de reconfinement. Ça m’a angoissée, inquiétée. Avec cette obligation de remplir des attestations pour se déplacer, on se sent vraiment contraint. Et puis ça amène de la peur, de l’inquiétude. C’est vrai que ça a été dur honnêtement. Cependant, par rapport au premier confinement, c’est plus facile à accepter finalement parce qu’on a déjà subi le premier. Mais moi qui ai l’habitude d’aller me promener -comme je suis valide, j’aime bien prendre le bus ou le métro et aller me balader là où cela me semble agréable- là forcément c’est très limité ça. Enfin je me dis que c’est l’affaire de plusieurs mois, c’est sûr mais… c’est la seule façon de se protéger, il faut être raisonnable. Il faut l’accepter. », Marie-Hélène, 76 ans, à domicile, suivie par l’équipe des Petits Frères des Pauvres de Toulouse Est (31) depuis 6 ans.

L’absence de visites, difficile à vivre 

« Je n’étais pas surprise du reconfinement, je m’y attendais. Pour moi, comme les mesures n’ont pas été prises assez strictement, il fallait s’y attendre. Dans l’ensemble, on s’y fait. Là où je me sens privée, c’est de voir le bénévole des Petits Frères des Pauvres et mes petites-filles venaient me faire un coucou quand elles en avaient la possibilité : ça, ça me manque. Mais après le reste, les sorties… tout ça, ça ne change pas trop mon quotidien finalement. Si, la maison de Saint-Cernin me manque ! Et au sein de ma résidence, certains le prennent moins bien donc il y a un peu d’énervement, d’agressivité mais ça passera (rires) ! », Christiane, 71 ans, en Ehpad, accompagnée par l’équipe des Petits Frères des Pauvres de Toulouse Nord (31) depuis 6 ans.

Ça a été dur cette annonce de reconfinement.

Le confinement, c’est toute l’année

« Je pense que le Président a très bien fait car on ne pouvait pas faire autrement. Les Français sont indépendants et indisciplinés. Je m’attendais à ces mesures ! 
Personnellement, cela ne me change absolument pas mon quotidien. Je suis tétraplégique, je peux me déplacer en fauteuil électrique pour aller me promener dans le parc s’il fait beau. S’il ne fait pas beau, je ne sors pas. L’une de mes filles peut venir me voir le soir ou le samedi. Ça ne change rien. Je suis dans une USLD (Unité de Soins Longue Durée), quand ça s’arrête c’est qu’on en part les pieds devant !
Avec le reconfinement, la seule incertitude, ce sont les sorties avec les Petits Frères des Pauvres, je ne sais pas si ça va continuer… Les sorties, ça sort de l’ordinaire. Ça fait toujours plaisir d’avoir une sortie. J’en aurais une par semaine, ça me satisferait énormément !
», Michel, 89 ans, hospitalisé en Unité de Soins Longue Durée et accompagné par les Petits Frères des Pauvres de Pessac (33) depuis 3 ans.

 

 
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Audrey Achekian
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