Nos aînés, espiègles jusqu’au bout !
« Jean a 75 ans, il est condamné par un cancer qu’on ne peut plus traiter. Il me raconte : « Je me suis bien marré dans ma vie. J’en ai passé une bonne partie à vendre des tocards, des chevaux de course que je choisissais pour leur belle gueule, et dont je savais qu’ils ne gagneraient jamais aucune course… Tout mon plaisir était de convaincre un bourgeois d’investir dans un tel tocard. Plutôt que de lui faire miroiter de gros gains, je lui demandais s’il était prêt à perdre beaucoup. Ma question le rendait fier de me répondre qu’il avait les moyens de risquer. Je le prenais au piège, et je vendais un tocard à un tocard. » Il me perce du regard : « Je vois bien le bon bénévole bourgeois que vous êtes, content de vous savoir généreux, heureux de me visiter, moi pauvre malade en fin de vie. Si je voulais, je suis sûr que je pourrais vous vendre un tocard, à vous aussi. Mais c’est trop tard. Vous vous rendez compte du danger auquel vous venez d’échapper ! ». Et il éclate de rire. Moi, il me faut quelques secondes pour réaliser, et le rejoindre dans sa joie débordante. Si ses poumons, en très mauvais état, n’avaient pas interrompu notre séance de rire par une toux caverneuse, je crois que nous ririons encore ! », Etienne, bénévole pour l’équipe Accompagnement des personnes malades de banlieues Ile-de-France.
Ils n’ont pas la langue dans leur poche
« Un patient me dit : « J’ai vraiment très envie de faire pipi, vous pourriez me mettre le bassin ? » Je réponds : « Mais je suis le docteur, Monsieur ! ». Réponse de l’intéressé : « Et alors, avoir plein de diplômes ça rend trop intelligent pour mettre un bassin ? » », Gaëtane Desbordes, gériatre et auteur du livre « Vieux casse-couilles et pourtant on les aime… » (Editions de l’opportun).
Nos aînés, de vrais gourmands !
« Je travaille dans un cabinet de notaires. À l’accueil, nous avons installé une bonbonnière avec des fraises Tagada pour les clients. J’ai été très surprise de constater que les seuls clients qui en prennent volontiers sont… les personnes âgées ! Ce sont eux qui en raffolent le plus ! Les paquets partent à une vitesse folle ! », Isabelle, assistante dans un cabinet notarial (94).
Répartie, quand tu nous tiens !
« Marie, 100 ans, étant hospitalisée en janvier, pendant les grèves des transports, l’aide-soignante vient la voir pour lui donner la douche et lui dit sur un ton qui n’admet pas la réplique « Déshabillez-vous ! ». Marie lui répond « Dîtes donc, vous pourriez me parler sur un autre ton ! ». L’aide-soignante lui répond en bougonnant : »Je suis fatiguée avec les grèves qui n’en finissent pas ». Réponse de Marie « Oui, mais moi, je suis malade !« . La douche a été rapide….», Danièle, bénévole pour les Petits Frères des Pauvres de Boulogne-Billancourt (92).
Les bons mots de nos aînés
« Alors que nous étions tous attablés en train de dîner lors de notre séjour de vacances au sein de la maison de vacances à La Seyne-sur-Mer, l’une de nos personnes accompagnées, une dame de 95 ans, s’est exclamée : « Ici, on s’en met plein la cantine ! ». Nous avons tous ri de bon cœur car nous ne nous y attendions pas ! Mais en même temps, il n’y a rien de surprenant, elle a toujours des expressions bien à elle qui nous font rire avec son accent de titi parisienne. C’est une dame très attentionnée et gentille, qui dit haut et fort ce qu’elle pense, comme elle le pense ! », Dominique, bénévole pour les Petits Frères des Pauvres de Maisons-Alfort (94).
Les personnes âgées, poétiques…
« Nous avions un légataire, amoureux de la littérature et grand musicologue, qui a écrit de son vivant de nombreux aphorismes. Il m’appelait de temps en temps pour me les lire et tester ma réaction. Ses poèmes sentaient le vécu, l’humour, la lucidité… En voici un : « En prenant de l’âge, on veut la paix ; pour peu qu’on patiente on a la paix éternelle… » », Géraldine, responsable du pôle relations testateurs des Petits Frères des Pauvres.
je me suis retrouvée à faire le guet pour qu’elle puisse cueillir tranquillement quelques fleurs
Gentiment moqueuses…
« Je suis partie en service civique pour les Petits Frères des Pauvres aux Etats-Unis durant un an. Il faut savoir qu’à Chicago, ils parlent anglais mais aussi espagnol car il y a une grande communauté d’hispano-américains. Chaque 1er jeudi matin du mois, nous organisions un bingo autour d’un petit-déjeuner. Pour le bingo, il fallait réciter les chiffres, en anglais et en espagnol. Si je suis bilingue en anglais… mon espagnol est, lui, très approximatif ! Alors quand je devais réciter les chiffres en anglais puis en espagnol, c’était la catastrophe. Les personnes âgées qui ne parlaient pas anglais me comprenaient à moitié et les autres devaient me souffler les chiffres, que je répétais au micro… Bref, nos aînés ne se sont pas privés pour se moquer gentiment de moi et m’ont même trouvé un surnom « Bingo girl ». Dès que j’arrivais dans une pièce, ils me pointaient en riant « tiens, c’est « Bingo girl ! » », Romane, en service civique pour les Petits Frères des Pauvres aux Etats-Unis.
Enjouées et rebelles…
« Un jour, nous nous baladions dans le parc à côté de chez Ghislaine, la dame de 70 ans que j’accompagnais. Elle tenait absolument à repartir avec quelques fleurs. On a tout d’abord demandé à un gardien, mais celui-ci a poliment refusé en nous disant que c’était interdit. Ghislaine, très déterminée, n’a pas renoncé à son projet ! Résultat : je me suis retrouvée à faire le guet pour qu’elle puisse cueillir tranquillement quelques fleurs et se faire un bouquet. C’était très drôle ! J’avais l’impression de faire une bêtise d’enfant accompagnée de mon acolyte », Laura, qui a effectué des missions bénévoles pour les Petits Frères des Pauvres.