Journalistes, intellectuels, artistes… on ne compte plus les personnalités qui, ces dernières semaines, se sont déclarées favorables à un confinement des plus âgés dans les médias. Plus récemment, ce sont même cinq membres du conseil scientifique qui ont publié une lettre dans une revue scientifique appelant à un contrat social avec « l’auto-isolement selon un critère de fragilité ».
Pour les Petits Frères des Pauvres, comme pour le Conseil national des professionnels de gériatrie qui l’ont exprimé dans une prise de position dans le journal Le Monde, cet auto-confinement n’est pas une solution acceptable. Ces professionnels des maladies dues au vieillissement expliquent qu’« un confinement sélectif (…) ne serait ni tenable socialement, ni scientifiquement pertinent ».
Les personnes âgées, déjà confinées…
Faudrait-il inciter les personnes âgées à se confiner pour permettre aux plus jeunes d’envisager un relâchement des mesures de restriction ? Cette idée lancinante qui revient régulièrement dans le débat public n’est pas pertinente pour les Petits Frères des Pauvres ni pour les gériatres. Comme ils le soulignent dans leur tribune, les personnes plus exposées au virus sont déjà auto-confinées. Que ce soit en établissement (où les limitations des contacts sont pesantes pour les familles, les résidents et le personnel) ou à domicile (où les personnes continuent à restreindre leurs sorties et interactions), nos aînés sont vigilants. D’ailleurs, notre rapport de juin 2020 consacré aux effets du confinement sur nos aînés (réalisé avec l’institut CSA Research sur 1500 personnes âgées de 60 ans et plus) montrait que les aînés comptaient, à 80 %, continuer à limiter leurs sorties et leurs contacts pendant le déconfinement. Plus de 830 000 personnes âgées ne souhaitent pas sortir.
« Confiner uniquement les personnes âgées ? Je n’y crois pas. L’intergénérationnel, c’est important. Si on sépare les jeunes des aînés, les petits-enfants des grands-parents, on va où ? », s’écrie Madeleine, 73 ans, accompagnée par les Petits Frères des Pauvres de Brignoles (83).
N’opposons pas les générations
Alors que certains tentent d’opposer les générations dans cette crise sanitaire, les Petits Frères des Pauvres observent plutôt que la raréfaction des liens sociaux depuis plusieurs mois est un manque qui est de moins en moins supportable pour tous : quels que soient son âge, ses fragilités, son parcours de vie et ses ressources.
Mais cette situation douloureuse ne doit pas nous fracturer et nous amener à chercher de mauvais choix de société.
D’un point de vue éthique, un auto-confinement des plus fragiles entraînerait irrémédiablement une accentuation des fragilités.
Au contraire, face à cette épreuve collective, les Petits Frères des Pauvres proposent d’imaginer ensemble les meilleures solutions collectives afin que chaque catégorie de population puisse réussir à vivre au mieux en attendant la fin de la pandémie. L’Association invite également à réfléchir collectivement à la société que nous souhaitons pour demain.