De tous temps, les personnes âgées représentent la tranche d’âge la plus à risque de décès par suicide. Pour diverses raisons (isolement, deuil, perte d’autonomie…), le suicide apparaît comme une solution dans un moment où la personne se sent dans une impasse. Ne parvenant pas à trouver de réponses pour résoudre sa situation, la personne peut entrer en crise suicidaire. Cette crise dure selon les estimations entre 6 et 8 semaines.
C’est à cette période qu’elle affinera son projet suicidaire (où, quand et comment) et que certains signes (discours, comportements…) pourront s’exprimer.
Si vous remarquez qu’une personne âgée dans votre entourage a des idées suicidaires, voici quelques bons réflexes :
1- Ecouter la personne âgée suicidaire
Que vous remarquiez vous-même que la personne n’aille pas bien ou qu’elle se confie spontanément à vous, laissez-là vous exprimer en toute liberté ses émotions. Offrez-lui une écoute bienveillante, sans tenter de minimiser sa peine (« Tu verras, ça va passer avec le temps ») et surtout sans la juger (« On ne se suicide pas pour si peu ! »).
Il n’existe bien sûr pas de « mot juste ». Si vous vous sentez concerné, votre voix, votre regard et votre attitude le montreront. C’est déjà très important.
Que la personne concernée évoque ses intentions de manière claire et directe ou de façon plus subtile avec des paroles telles que « je ne me sens plus capable de continuer », ces mots traduisent une souffrance.
2- Aborder frontalement le sujet du suicide
Même si cela vous parait brutal, aborder directement le sujet du suicide permet à la personne d’être considérée dans ce qu’elle vit. Par exemple, : « J’entends que ça ne va vraiment pas, je m’inquiète pour vous, est-ce que vous pensez au suicide ? ».
Si la question vous semble « gênante » à poser, comprenez que pour une personne qui songe au suicide, elle peut être apaisante car elle lui permet de parler ouvertement de ce qui la préoccupe et l’envahit, à quelqu’un qui se soucie suffisamment d’elle pour aborder ce sujet si tabou.
De plus, c’est en abordant le sujet sans détour que vous pourrez évaluer le risque de passage à l’acte.
3- Lui laisser exprimer ses émotions
Offrir votre écoute, c’est aussi permettre à la personne âgée d’exprimer sa souffrance. Mettre des mots pourra désamorcer l’état de crise. En effet, en l’écoutant, vous lui permettez de mettre à nu ses émotions trop souvent réprimées et de mettre de l’ordre dans ses idées. Se centrer sur l’élément déclencheur de la crise peut également être aidant pour la personne : « Depuis quand avez-vous ces idées noires ? Est-ce qu’il s’est passé quelque chose ? ».
Évitez certaines formulations, qui même énoncées avec de la bienveillance, peuvent sembler « moralisatrices ». Par exemple : « Vous avez pensé à vos proches ? à moi ? » ou « C’est un geste lâche que vous envisagez ! Il faut savoir se montrer fort dans la vie ! ». Ne donnez pas de « recettes de bonheur » et ne vous citez pas en exemple.
Dans cette discussion, le risque serait que la personne ne se sente pas comprise et que cela mette fin à toute conversation. L’objectif est d’éviter qu’elle ne se referme sur elle-même en se sentant jugée ou davantage coupable.
4- Aider la personne à faire des petites projections
Une personne désespérée ne croit plus qu’un changement est possible et par conséquent, n’arrive plus à envisager l’avenir.
Au cours de la discussion, tentez de dresser une petite liste de ce que peut encore faire la personne plutôt que d’insister sur ce qu’elle ne peut plus faire ou ce qu’elle a perdu, pour tenter de rendre le « demain » plus vivable.
Si c’est possible pour vous, essayez de construire ensemble des petits projets (donnez-lui rendez-vous pour cuisiner ensemble, faire une sortie). Pensez à des choses simples pour adoucir son quotidien et lui permettre de se projeter dans quelque chose d’agréable.
5- Se faire aider
Face à une personne âgée suicidaire, mieux vaut ne pas rester seul même si elle vous demande de garder le secret. Au-delà de votre soutien, la personne âgée va avoir besoin d’une aide extérieure.
Il existe des relais :
- Conseillez-lui de se rapprocher de son psychologue/psychiatre si elle a déjà un suivi psychologique, si ce n’est pas le cas, elle peut consulter son médecin traitant.
- Les lignes d’écoute téléphoniques spécialisées :
SOS Amitié
Permanence d’écoute téléphonique 24h/24 et 7j/7
Tél. : 09 72 39 40 50
SOS Suicide Phénix
Permanence d’écoute téléphonique 7j/7 de 13 h à 23 h
Tél. : 01 40 44 46 45
Solitud’écoute
Permanence d’écoute téléphonique 7j/7 de 15 h à 20 h
Tél. : 0800 47 88 88
- Les services d’urgence si le projet suicidaire de la personne est bien établi
- Le 15 ou le 112, si vous pensez que son risque de passage à l’acte est imminent.