Un pilulier intelligent qui rappelle à Yvette, 87 ans, que c’est l’heure de la prise de son médicament. Un verre automatisé qui s’allume pour lui dire qu’elle doit s’hydrater. Une salle de bains équipée de capteurs de mouvements au cas où elle chuterait en se lavant.
Lorsqu’elle décide de se promener, elle peut compter sur sa ceinture connectée équipée d’airbags qui la protège en cas de chute et ses chaussures connectées géolocalisables au cas où elle s’égarerait.
Quand elle rentre, elle ouvre le frigo haute technologie qui va enregistrer qu’elle s’est bien préparée à manger aujourd’hui. Dans la soirée, elle reçoit quelques photos de ses petits-enfants grâce à une box reliée à sa télévision. Enfin, le soir, elle se couche dans son lit rempli de capteurs qui analysent tous ses paramètres de sommeil. Elle a bien pris ses médicaments, elle s’est hydratée, s’est servie son repas et elle n’est pas tombée. Mais aujourd’hui, comme hier, Yvette n’a vu personne, n’a parlé à personne. Pourtant elle est en bonne santé physique, ce sont les objets connectés qui le disent.
Les nouvelles technologies ne remplacent pas le lien humain
Alors que tous ces services et objets existent ou sont en cours de développement, le potentiel du marché lié à l’avancée en âge aiguise l’appétit de certains entrepreneurs et la multiplication de ces objets connectés destinés aux personnes âgées interroge.
Si les Petits Frères des Pauvres sont bien entendu satisfaits que les nouvelles technologies s’intéressent aux personnes âgées, ces innovations doivent correspondre aux attentes des aînés et toujours être présentées comme des outils (et seulement des outils) pouvant faciliter le quotidien. De nombreuses innovations sont actuellement développées dans la simple visée de répondre à l’angoisse des familles ou au confort des professionnels dont les métiers sont en tension. Toutefois, l’un des risques est que l’on ne prenne en compte que les paramètres médicaux sans s’intéresser à la détresse morale ou au sentiment de solitude de plus en plus prégnant chez nos aînés. Une présence humaine, par téléphone ou physique, aura bien plus d’effets qu’un objet connecté… Pendant la crise sanitaire, si le numérique a permis à beaucoup de garder contact, il n’a pas empêché de ressentir le manque de « vraies » relations humaines avec les échanges ou les câlins en réel.
L’un des risques est que l’on ne prenne en compte que les paramètres médicaux sans s’intéresser à la détresse morale
Par ailleurs, ces technologies sont souvent coûteuses (achat et installation de matériel, abonnement mensuel). Si des innovations technologiques à l’utilité avérée sont développées, elles doivent bénéficier à tous, y compris les personnes aux revenus modestes.
Enfin, il est important de s’interroger sur le recueil et le traitement des données reçues par ces objets : à qui sont transmises toutes ces données récoltées ? Aux familles à qui les entrepreneurs font miroiter la promesse d’être rassurées en pouvant observer en permanence la vie de leurs proches âgés ?
Les Petits Frères des Pauvres sont convaincus que les technologies peuvent être un plus pour favoriser le maintien à domicile des aînés à condition d’opter pour des solutions éthiques… En savoir plus dans notre article : Allier l’éthique aux nouvelles technologies.