Covid19 : 7 belles histoires de nos héros ordinaires luttant contre l’isolement des aînés

Ces bénévoles et salariés des Petits Frères s'engagent pour briser la solitude de nos aînés. © Marion Dunyach / Pascal Simonin / Jean-Louis Courtinat/ Petits Frères des Pauvres
Ces bénévoles et salariés des Petits Frères s'engagent pour briser la solitude de nos aînés. © Marion Dunyach / Pascal Simonin / Jean-Louis Courtinat/ Petits Frères des Pauvres

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Ils ne se rendent même pas compte qu’ils sont des héros et pourtant, ils le sont… eux, ce sont les bénévoles et les salariés des Petits Frères des Pauvres qui luttent tous les jours contre l’isolement des personnes âgées et qui, au quotidien, œuvrent pour illuminer la journée de nos aînés. Nous leur rendons un hommage bien mérité alors qu’ils ont continué leurs missions coûte que coûte, même pendant le coronavirus.

Géraldine, une auxiliaire dévouée

Géraldine met toute sa bonne humeur pour soutenir les résidents de la Jonquière. © Jean-Louis Courtinat/ Petits Frères des Pauvres

Géraldine est auxiliaire de vie sociale au sein de la petite unité de vie des Petits Frères des Pauvres La Jonquière (Paris, 17e). Elle continue d’assurer ses missions tout en mettant sa propre vie personnelle en parenthèse lorsqu’elle est avec les résidents : « Dans le contexte actuel, beaucoup de choses ont changé. J’habite Chartres. Pendant cette période, je suis obligée de venir en voiture car les transports en commun fonctionnent mal. Je me lève très tôt. Ma mère est malade. Elle est confinée chez elle. Je ne peux plus la voir ». 

Au quotidien, Géraldine sait que son rôle est primordial auprès des résidents et que sa présence leur est indispensable… « Mon rôle pendant cette période est très psychologique. Je dois faire en sorte que les résidents gardent le moral. Certains dépriment. D’autres se referment sur eux-mêmes. Je dois être à leur écoute. C’est très important. Cette période est difficile. Mon travail est plus délicat. Il faut penser à respecter les distances avec les résidents, ne pas oublier les masques. Je dois intégrer ces nouvelles mesures de protection. Le contact avec les résidents est frustrant car il est difficile de communiquer normalement. Le temps semble suspendu » révèle-t-elle.

Les visites astucieuses de Neil à l’Ehpad… 

Neil visite Lucie en toute sécurité à son Ehpad parisien. © Petits Frères des Pauvres

Pour tous les bénévoles des Petits Frères des Pauvres, les visites aux personnes âgées se sont arrêtées durant le confinement et ont été remplacées par des appels téléphoniques. Mais, Neil, bénévole de l’équipe parisienne des Petits Frères des Pauvres du 18e arrondissement, a eu une idée pour continuer à voir Lucie, la personne qu’il accompagne… « Depuis plusieurs semaines, je l’appelle le vendredi après-midi pour lui demander s’il faut lui faire quelques courses. Ensuite, muni de mon attestation, j’achète ses provisions et je l’appelle à nouveau pour lui demander de descendre (elle habite au 1er étage). J’arrive à l’EHPAD, je dépose les articles à l’intérieur et puis je m’éloigne rapidement dans l’entrée. Quand elle arrive, nous échangeons quelques mots, elle à l’intérieur et moi dehors. À la fin, je lui fais un signe affectueux de la main et je m’en vais. Je continue ainsi mes visites et même si elles sont brèves, je n’ai pas le sentiment de perdre le lien avec Lucie. »

Fabrice, le bénévole qui livre des cartes à vélo

Fabrice a fabriqué lui-même des cartes pour ensuite les déposer aux personnes qu'il accompagne. © Petits Frères des Pauvres

Pour Pâques, Fabrice, bénévole depuis environ 3 ans pour les Petits Frères des Pauvres de Toulouse –Ouest (31), a décidé de gâter la dizaine de personnes âgées qu’il appelle au téléphone depuis la mise en place du confinement. À cette occasion, il a créé de jolies cartes personnalisées. Avec l’aide de son colocataire, ils ont dessiné des fleurs, créé un tampon « Bisous confinés » et agrafés un chocolat à la carte. Ensuite, Fabrice est parti durant deux bonnes heures pour déposer les cartes dans les boîtes à lettres de nos aînés. « Je les ai tous au téléphone à cette occasion pour leur demander de m’ouvrir les portes de leur hall d’entrée afin d’accéder à leur boîte à lettres. Avec certains, nous avons même pu discuter un peu depuis leur balcon ! », explique le bénévole. Une fois les cartes reçues, nos aînés n’ont pas manqué de témoigner leur reconnaissance : « Ils étaient contents, j’ai reçu beaucoup de messages de sympathie. C’était chouette de faire ça. Ça fait plaisir de faire plaisir aux gens qui en ce moment ont plus que jamais besoin de lien humain ! ». 

Andreea, une volontaire européenne engagée !

Andreea, volontaire européenne, est très investie pour maintenir le lien avec les personnes âgées accompagnées, les salariés et les bénévoles. © Marion Dunyach / Petits Frères des Pauvres

Andreea, 24 ans, est la seule volontaire européenne des Petits Frères des Pauvres en mission depuis 6 mois auprès de l’équipe Ouest-Var (83). Son appartement étant sur place et alors que le reste de l’équipe salariée et les bénévoles sont confinés chez eux, la présence de la jeune femme d’origine roumaine sur le lieu de la maison de vacances La Villa des Fleurs -fermée temporairement le temps du confinement- est essentielle. 

Andreea prend très à cœur ses nouvelles missions. Elle s’occupe de la maison, de l’entretien du jardin, elle aide l’équipe pour des tâches administratives et elle se montre pleine d’idées pour créer du lien avec les personnes âgées à distance. « Je continue l’accompagnement par téléphone, je fais des flyers avec des mots de soutien pour les personnes âgées » ajoute-t-elle. Par exemple, elle a fait un panorama photo et des messages de soutien qu’elle a envoyé aux aînés isolés. Elle explique : « Je trouve que notre mission est encore plus importante dans ce contexte car les personnes âgées sont encore plus isolées. Et c’est aussi important de garder le lien avec l’équipe des bénévoles car, pour bien s’occuper des autres, il faut prendre soin de soi ». 

Dominique, un intendant polyvalent…

Dominique, intendant et professeur de yoga ! © Pascal Simonin / Petits Frères des Pauvres

Dominique, 58 ans, travaille pour les Petits Frères des Pauvres depuis 20 ans. Actuellement intendant au sein de la maison Charmanon à Grézieu-la-Varenne (69), il est essentiel à la vie de la maison. Depuis la crise sanitaire du coronavirus, il n’a pas hésité à remplacer ses collègues et à aller bien au-delà de ses missions pour le bien-être des pensionnaires de l’établissement. « Depuis 20 ans que je suis là, j’ai fait tous les postes depuis longtemps, alors je remplace vu que certains collègues sont en arrêt. Finalement j’aime bien car je suis plus proche des résidents. Par exemple, je fais secrétaire, animatrice, chargé de promenade, serveur, service à table… ». 

Depuis plus de 12 ans, Dominique a aussi instauré un cours de yoga une fois par semaine… mais depuis le confinement, ces séances sont devenues une vraie soupape de décompression pour tous ! « Comme toutes les animations sont suspendues, j’ai organisé les cours de yoga plus souvent, plusieurs fois par semaine, 30 à 45 min, en deux petits groupes de 3 ou 4 personnes pour garantir les distances. Les exercices font du bien aux résidents qui bougent peu. Les mouvements leur font du bien, et ça maintient un peu de contact entre eux. En général il y a une bonne motivation pour les cours, pour ceux qui sont en état de santé de les suivre. » explique-t-il.

Chantal, une bénévole attentionnée

Chantal a apporté son soutien moral dans un moment éprouvant pour une personne âgée. © Sébastien Herrmann / Petits Frères des Pauvres

Chantal est bénévole et référente dans l’équipe Strasbourg-Ouest (67) des Petits Frères des Pauvres en région Grand-Est. Elle a toujours eu une naturelle joie de vivre qu’elle transmet aux personnes âgées qu’elle accompagne : « Avec les personnes aidées, on rigole tout le temps et c’est comme ça que je suis tous les jours ». Au mois d’avril, elle a dû faire appel à toute ses qualités d’écoute et de soutien moral pour une personne âgée accompagnée : « Quand cette personne m’a appelée, j’ai d’abord trouvé extraordinaire qu’elle me fasse autant confiance en me demandant de l’accompagner pour se recueillir devant le cercueil de sa fille au centre funéraire. J’ai beaucoup réfléchi. J’ai demandé conseil à mes proches. Mais je me suis dit “mon dieu, si je devais perdre un enfant, j’aimerais que quelqu’un m’accompagne”. Et c’est comme ça que j’ai pris ma décision ». 

Sur place, Chantal prend aussi conscience de l’ampleur de l’épidémie du coronavirus : « Mais ce qui a été horrible pour moi, c’est que pour entrer dans la chambre funéraire, j’ai dû passer par une cour et en entrant dans cette cour, j’ai vu tous ces cercueils et ces urnes… la réalité m’est tombée dessus. Sur le coup j’ai continué à faire ce que j’avais à faire, je l’ai raccompagnée à la maison, je suis restée avec elle un moment et ça allait. Mais quand je suis rentrée chez moi, j’ai craqué, c’était très dur » confie-t-elle. 

Malgré la peine, aujourd’hui Chantal garde le sourire : « Je suis riche d’amour pour les autres ». Le secret du bonheur ? « Il faut que les gens sachent : le bonheur qu’on apporte aux autres, vous rapporte le double à vous-même. Le bonheur que j’apporte aux gens, ils me le rendent mille fois » sourit-elle. Avis aux lecteurs…

Sylvie, une bénévole à l’écoute

Sylvie écoute patiemment ceux qui ont besoin de parler dans le contexte particulier du confinement. © William Jezequel / Petits Frères des Pauvres

Sylvie, 65 ans, est bénévole pour la ligne d’écoute téléphonique Solitud’écoute à Nantes (44) depuis 2011. Habituellement, elle est engagée auprès des Petits Frères des Pauvres une fois par semaine pour soutenir par téléphone les personnes âgées isolées qui ont besoin de parler mais dans le contexte du coronavirus, elle s’est portée volontaire pour répondre plus régulièrement au téléphone. 

Depuis la mise en place du confinement, plus de 4850 appels ont été reçus par nos bénévoles sur la ligne de soutien téléphonique Solitud’écoute. Sylvie observe à son échelle : « avec le confinement, il y a de nouveaux types d’appelants. Des gens qui éprouvent le besoin de parler, alors qu’ils ne l’avaient pas avant, des gens qui se sentent très seuls alors qu’ils ne l’étaient pas avant, des gens extrêmement angoissés qui supportent très mal ce confinement. Ils sont souvent en larmes. Et puis il a d’autres appelants qui me disent “mais moi toute façon j’étais déjà confiné depuis 4-5 ans alors ça ne change rien à ma vie habituelle”, mais qui ont toujours besoin de parler ». Pour eux, Sylvie précise humblement : « J’essaie d’être le plus disponible possible, le plus à l’écoute possible, le plus près des gens possible ».

 

 

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