Les livreurs de courses improvisés
Soudainement confinées à la maison pour se protéger des risques d’avoir le coronavirus, les personnes âgées sont dans l’impossibilité de faire leurs courses alimentaires, d’aller à la pharmacie pour leurs médicaments… Des besoins vitaux qui sont révélés à la Une des médias et qui provoquent un réel élan de solidarité dans certains immeubles, quartiers ou résidences où des citoyens décident d’aider leurs aînés. Ils déposent alors des petits mots à destination de leurs voisins âgés pour proposer leur aide ou s’engagent comme bénévole auprès d’associations comme les Petits Frères des Pauvres.
C’est le cas par exemple de l’internaute Sarkasme76 qui explique « Je viens de glisser un petit mot avec mon numéro de téléphone à une voisine de 80 ans en cas de besoin de course. Elle vient de m’appeler, presque en larme tellement contente que quelqu’un ait pensé à elle ! » tandis que DamienDantonio révèle de son côté : « Malheureusement dans mon quartier des personnes âgées ne peuvent pas se rendre en pharmacie pour récupérer leurs traitements médicaux. J’ai donc décidé, en prenant les meilleures précautions sanitaires possibles, de m’y rendre pour eux et les protéger au maximum. »
De jeunes promeneurs de chien
Au début du confinement, Baptiste, 24 ans, a eu envie d’agir pour aider les personnes âgées isolées près de chez lui à Caen. Il a proposé son aide aux Petits Frères des Pauvres qui l’ont orienté vers Yamina, 65 ans, qui avait besoin d’un relai pour promener son chien car elle ne pouvait plus le faire. Il a alors été rejoint par son frère Joseph, 22 ans, qui le relaie dans ses missions de garde.
Yamina ayant ensuite dû être hospitalisée, Baptiste et Joseph ont accueilli chez eux le chien pour en prendre soin. « Si ces deux jeunes n’avaient pas été là, mon chien partait en refuge ! », remercie-t-elle. « Ce sont des petites aides en soi, mais qui peuvent être énormes pour les personnes âgées », résument les frères.
Les aidants informatique
Le maintien du lien social, forcément à distance, a été extrêmement facilité par le numérique mais a nécessité de l’accompagnement et quelques minutes de formation… certains se sont dévoués dans leur famille comme Julie D ou Guillaume D quand d’autres ont proposé spontanément leur aide pour apprendre à des personnes âgées isolées à rester en contact avec leur bénévoles.
C’est le cas par exemple au sein de la maison Anne-Marie Blaise des Petits Frères des Pauvres à Paris où 3 personnes résidant dans le quartier se sont présentées spontanément à la maison pour apporter leur aide dans le contexte actuel et soutenir la pension dans l’installation de Skype entre les résidents et leurs bénévoles pour maintenir le lien et apporter une réflexion sur des jeux en réseau à distance entre bénévoles/résidents. « Ça rajeunit l’équipe de bénévoles et donne un nouveau souffle » confie Gilbert Jourdes, responsable de l’établissement.
Les tricoteuses du cœur
De chez elles, ayant du temps, de nombreuses personnes ont décidé de se mettre au tricot pour la bonne cause ! Elles se sont notamment lancées dans la confection de petits bonnets en laine pour l’opération « petit bonnet, bonne action » menée en partenariat avec innocent et les Petits Frères des Pauvres qui lutte contre la solitude de nos aînés. En effet, pour chaque bouteille de smoothie innocent coiffée d’un petit bonnet tricoté en laine, innocent reverse 20 centimes d’euros au profit des actions des Petits Frères des Pauvres.
« Mes activités de bénévolat ont cessé pendant le confinement alors j’avais du temps devant moi. J’ai fait plus de 70 petits bonnets en moins d’un mois et j’ai convaincu une amie qui s’ennuyait et qui ne connaissait pas l’opération de s’y mettre. C’est un moyen simple de se rendre utile sans bouger de chez soi ! », témoigne Monique, 70 ans.
Ceux qui murmurent des contes
Utiliser l’Art pour réveiller l’imaginaire des personnes âgées isolées pendant le confinement ? C’est l’idée qui a germé du côté de certains férus de culture. Régine Detambel, écrivain, ex-kinésithérapeute mais aussi bibliothérapeute, explique : « Depuis une dizaine d’années, je forme à la bibliothérapie. La bibliothérapie consiste à utiliser des textes pour aider les gens à retrouver la créativité, la confiance en soi… Le 15 mars dernier, le matin des municipales, j’ai eu une réaction de bibliothérapeute, c’est-à-dire que j’ai pensé aux personnes âgées qui étaient confinées depuis déjà deux jours en Ehpad et je me suis dit il faut absolument qu’on puisse leur apporter la richesse de ce qu’il y a dans les livres. Pour ces personnes qui sont confinées dans leurs chambres, sans visites, sans animation, j’ai eu l’idée de lancer un réseau avec des bénévoles qui apporteraient la chaleur d’une voix humaine et qui proposeraient des lectures mais aussi des petites conversations. Finalement, la lecture servirait juste à alimenter une conversation ».
Le réseau Lire & Relier compte aujourd’hui une centaine de bénévoles lecteurs et une douzaine d’Ehpad participants via téléphone, Skype, WhatsApp selon les préférences. Une initiative qui illumine les journées de confinement de nos aînés : « Nous avons des retours magnifiques, nous recevons des phrases d’une puissance ! Par exemple, hier, on nous a dit « vous avez mis du soleil dans mon rien ! ». Plus généralement, on observe que les personnes se remettent à pouvoir parler d’autre chose que de leur repas, car leur imagination est de nouveau stimulée. En effet, chaque bénévole travaille avec un texte de son choix, parfois très contemporain… On apporte l’Art ! » conclue-t-elle.
Les généreuses couturières…
Se rendre utile comme on peut ! C’était bien l’intention de ces quelques habitantes de Béziers qui se sont lancées spontanément dans la fabrication de masques en tissu pour les professionnels en manque de protection. Rapidement, devant l’afflux des demandes, elles créent un groupe sur Facebook intitulé « Entraide Epidémie Corona Virus Béziers 34500 » pour organiser les demandes et fédérer davantage de monde.
Elles n’ont pas hésité à équiper les bénévoles des Petits Frères des Pauvres de Béziers pour leur permettre de poursuivre leur mission auprès des personnes âgées isolées.
Ils écrivent aux aînés
Touchés par la solitude des personnes âgées, nombre d’entre vous ont choisi de prendre leur plume ou d’occuper leurs bambins en envoyant des lettres ou des dessins aux aînés isolés. C’est le cas par exemple en région parisienne, aux Lilas, une institutrice de CM2 de l’école Romain Rolland a demandé à ses élèves d’écrire 27 cartes pour les personnes âgées accompagnées de l’équipe locale des Petits Frères des Pauvres. Une belle manière d’occuper les enfants tout en faisant plaisir aux personnes âgées.
D’ailleurs, les Petits Frères des Pauvres ont ouvert deux boîtes mails destinées à recevoir vos mots doux pour nos aînés : en Occitanie, les dessins et œuvres d’art sous format numérique sont à envoyer à l’adresse : envoietondessin@petitsfreresdespauvres.fr. Dans l’Ouest, petits mots, lettres, poèmes, haïkus… sont à adresser ici : unmessagepournosaines@petitsfreresdespauvres.fr
D’autres initiatives existent, directement dans les Ehpad, comme en témoigne une internaute sur les réseaux sociaux ou grâce à des partenariats avec le projet « 1 lettre, 1 sourire ».