ISOLEMENT DES PERSONNES AGÉES : LES EFFETS DU CONFINEMENT
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La réponse d'Armelle de Guibert,
Déléguée générale des Petits Frères des Pauvres
La réponse d'Armelle de Guibert,
Déléguée générale des Petits Frères des Pauvres
« Cette période a permis d’éclairer mieux la situation de nos aînés »
L'éclairage de Hélène Romano, Psychothérapeute spécialisée dans la prise en charge des blessés psychiques
« L'expérience des personnes âgées leur permet d'être dans le juste. En exprimant cette crainte, elles sont simplement réalistes.
On sait malheureusement que lors des crises, la solidarité de certains s'inscrit dans le court terme. Au moment de Charlie, la grande marche en hommage aux victimes mais également aux forces de l'ordre, a rassemblé un grand nombre de nos citoyens. Aujourd'hui, que reste-t-il de ce soutien ? La société a tendance à essayer de se réassurer puis à vite oublier.
L'expérience des personnes âgées leur permet de savoir, qu'en effet, la temporalité conduit l'être humain, très rapidement, à passer à autre chose et surtout à éviter les problèmes qui fâchent. La sérénité et la lucidité dont elles font preuve sur cette question illustrent bien l'intérêt de les écouter. »
Pendant le confinement, plusieurs initiatives solidaires en faveur des personnes âgées ont vu le jour.
« Je suis seule, j’ai perdu mon mari. Je sors peu et je ne vois pas beaucoup de monde, donc le confinement n’a pas changé mon quotidien. »
900 000
C'est le nombre de personnes âgées en France qui souffrent d’isolement, soit l’équivalent de la population de Marseille.
300 000
C'est le nombre de personnes âgées en France qui sont en situation de véritable "mort sociale" soit l’équivalent de la population de Nantes.
Augusta (Avignon), 90 ans :
« La première chose que je ferai à la fin du confinement, c’est aller parler aux gens que je connais. Ils doivent penser que je suis morte ! »
Henri (Paris), 78 ans :
« Je ne peux pas faire de longs discours mais je ne suis pas bien. J’ai l’habitude de voir du monde, là je suis isolé. Je suis au plus mal. »
41 % des personnes âgées estiment que le confinement a eu un impact négatif sur leur santé morale et 31 % estiment qu’il a eu un impact négatif sur leur santé physique
« Cette situation creuse l’isolement. J’ai peur qu’il y ait beaucoup de dégâts chez les personnes âgées. Une des dames qu’on accompagne m’a dit qu’elle passe parfois des journées entières à pleurer. »
Le profil type de la personne âgée isolée en France métropolitaine est une femme de plus de 75 ans, aux revenus modestes, qui n’utilise jamais Internet.
« Pendant cette période, je trouve que mon rôle est beaucoup plus important qu'en temps normal, puisqu’ils sont beaucoup plus isolés, confinés. Ils font beaucoup moins de choses. Ils sont seuls, encore plus seuls qu’en temps normal, ils ont donc encore plus besoin de nous. »
Sylvie (Nantes), bénévole à Solitud’écoute :
Béatrice (Segry), auxiliaire de vie :
« Il faut rester solidaire, il faut continuer le mouvement et le combat parce que les personnes âgées sont toujours délaissées et encore plus dans ces périodes difficiles. Donc il ne faut pas lâcher. »
Près de la moitié des + de 60 ans dit avoir souffert de solitude pendant le confinement.
72%
Ils sont 72% chez les 85 ans et plus.
Chantal (Strasbourg), bénévole des Petits Frères des Pauvres :
« Il faut que les gens sachent : le bonheur qu'on apporte aux autres, vous rapporte le double à vous-même. Le bonheur que j'apporte aux gens, ils me le rendent mille fois. »
À partir des enseignements du rapport, nous avons élaboré 7 préconisations articulées autour d'une liste de plusieurs actions, pour lutter durablement contre l’isolement des personnes âgées. En voici quelques unes pour faire durer l'élan de solidarité observé lors du confinement.
Découvrir l’intégralité de nos préconisations dans notre rapport « ISOLEMENT DES PERSONNES AGÉES : LES EFFETS DU CONFINEMENT »
Le point de vue de Jérôme Guedj, chargé par le gouvernement d’une mission sur l’isolement des personnes âgées pendant et après la crise sanitaire
des personnes âgées considèrent que la lutte contre l’isolement est importante. Pour la moitié, c’est même une priorité nationale. C’est pourquoi il est essentiel de capter et pérenniser le sursaut de solidarité né pendant la crise sanitaire et dirigé en priorité vers ceux sur qui pesaient des risques d’isolement délétère : les plus âgés, les confinés seuls, ceux qui ont des revenus modestes. On ne peut pas revenir comme avant. C’est un vrai challenge, un sujet transversal qui doit être structuré pour que le soufflet ne retombe pas. Nous devons aussi avoir une inquiétude permanente du très grand isolement, cette « mort sociale » dont parlent les Petits Frères des Pauvres.
Votre soutien est précieux car seule une mobilisation citoyenne peut faire émerger un monde plus fraternel. Nous vous invitons donc à soutenir notre action en signant notre manifeste.
Signer le manifesteComme Emmanuelle, 66 ans, nos aînés comptent sur nous !
« Certaines personnes feront plus attention à nous, nous aideront à traverser les trottoirs… J’espère que les plus jeunes auront conscience qu’il faudra aider ceux qui en ont besoin. J’espère aussi qu’il y aura plus de solidarité. »