La population vieillit. Les banlieues et les quartiers prioritaires ne sont pas épargnés par ce vieillissement. Notre recueil met en lumière une triple peine des vieux de quartier : pauvreté, isolement et perte d’autonomie.
HLM : près d'1 habitant sur 5 a plus de 60 ans
La représentation courante des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) met surtout en avant une population jeune. Or ces quartiers comptent aussi de nombreuses personnes âgées (plus de 18% en 2024 avec une croissance ininterrompue depuis 1990) et tous les retraités ne sont pas à l’abri du besoin. Loin du cliché du « boomer » qui profite paisiblement de sa retraite, une partie des personnes âgées vivant en QPV subit une grande précarité, peinant à joindre les deux bouts, ressentant dans certains cas une grande solitude et vivant même parfois dans des conditions indignes.
Une vie d’injustices qui pèse sur la retraite
Nos aînés de banlieue et quartiers prioritaires ont pour la plupart été exposés toute leur vie à des inégalités de tous types : emplois précaires et pénibles, faibles revenus, conditions de logement difficiles, accès aux soins limité, etc. Ces handicaps cumulés les rattrapent à l’âge de la retraite. Exposés pendant des décennies à ces injustices, ils vieillissent moins bien qu’ailleurs et arrivent à la retraite avec des pensions modestes et une santé souvent déjà fragile.
Dans ces quartiers populaires, une grande partie des personnes âgées n’a pas pu devenir propriétaire de son logement ni épargner suffisamment, ce qui alourdit les charges une fois à la retraite.
Je n’ai pas les moyens de choisir mon logement.
Nicole, 72 ans
Vieillir en se privant : une précarité alarmante
En QPV, le poids des dépenses incompressibles est bien plus lourd que la moyenne. Par exemple, 59 % des personnes âgées en QPV considèrent que les dépenses liées au logement constituent une lourde charge, contre 31 % en moyenne nationale. Autrement dit, ces retraités doivent consacrer une part énorme de leur retraite au loyer, aux charges et aux factures, au détriment d’autres besoins essentiels.
Parmi les 137 personnes âgées interrogées dans notre recueil, 79% indiquent des revenus sous le seuil de pauvreté. Une situation dramatique quand elle est combinée à tous les facteurs qui font de ces territoires des zones prioritaires de l’action publique. Près de 30% des personnes âgées interrogées disent sauter des repas, 55% ne vont jamais au restaurant.
Au-delà de la question financière, l’accès aux droits et aux aides est un véritable parcours du combattant pour ces aînés. Beaucoup ignorent les dispositifs existants ou se sentent démunis face à la complexité administrative et le disent :
Je ne savais pas que des aides existent et je ne savais pas que je pouvais en demander.
Noël, 65 ans
Même lorsqu’ils connaissent leurs besoins, certains renoncent à réclamer les aides auxquelles ils ont droit, faute de moyens ou de force pour engager des démarches parfois lourdes. Ne pas être propriétaire de son logement est aussi un frein :
Je ne fais pas de travaux dans mon logement, je n’en suis pas propriétaire.
Nicole, 72 ans
Ne pas oublier nos vieux de banlieue et nos vieux de quartier
Les réalités vécues par ces retraités des quartiers prioritaires doivent alerter. Pauvreté, isolement, difficultés d’accès aux droits : la combinaison de ces facteurs fait des vieux de banlieue et de quartier des oubliés des politiques publiques. Il est clair que les dispositifs actuels ne sont pas adaptés à leurs besoins. Il est temps de repenser les politiques d’accompagnement des personnes âgées en situation de précarité, afin que vieillir ne rime plus avec isolement et précarité.
Découvrez l’ensemble des témoignages et des préconisations des Petits Frères des Pauvres. Vous y trouverez notre enquête qualitative menée sur 137 personnes âgées de 52 à 100 ans, habitant en France métropolitaine, Guadeloupe et Martinique. Je découvre.