Alain, 71 ans, danseur de cabaret
Aujourd’hui, Alain, accompagné par les Petits Frères des Pauvres de Paris, ne quitte plus son fauteuil roulant. La faute à une « spondylarthrite ankylosante, des cervicales bloquées, des antécédents d’un Guillain-Barré » énumère-t-il. Mais il y a quelques années, il était encore un danseur très talentueux… « J’ai commencé par la danse moderne, c’était de la danse contemporaine, puis j’ai fait du music-hall aux Folies Bergères et ensuite j’ai fait le cabaret. », détaille-t-il. « Le cabaret, c’est une grande école, c’est une bonne école. Les gens sont là pour consommer, éventuellement avoir quelques filles, donc il faut déployer toute une artillerie. Mais quand on reste authentique, tout est jouable. », révèle-il.
De son passé, il garde son amour pour la musique, sa sociabilité, sa grande aisance en public et quelques amis de la scène : « Je suis un joli parleur et je tiens ma force de caractère de mon métier. La discipline, la rigueur, on fait ce qu’il faut. C’est ce que j’ai vécu pendant très longtemps. Grâce à Facebook, j’ai conservé beaucoup d’amis de la danse, nous sommes une grande famille et cela nous permet de nous souvenir de ces moments, de ce que nous avons vécu, car nous sommes en quelque sorte, des « survivants ». Il y a un noyau. Cela nous permet de nous maintenir, de surmonter certaines épreuves, mais surtout de nous sentir vivants et passionnés. », conclut-il.
Gérard, 66 ans, de cracheur de feu à garde-du-corps
Gérard, un vrai showman ? Durant sa carrière, il a « exercé le métier de cracheur de feu et de fakir tous les étés en France d’abord, mais aussi à Amsterdam, en Belgique, en Autriche, en Allemagne et en Italie, et cela pendant plus de 20 ans. ». Il explique : « J’avais appris à m’allonger sur du verre, une planche à clous sur la place Beaubourg à Paris avec Ludo, un ami. ».
Un métier à risques… « Chaque été, je montais à Amsterdam, il y avait un monde fou sur la place de Leidsplein ! Le plus dur pour moi, c’était de cracher du feu car il fallait faire attention à ne pas se brûler mais surtout à ne pas blesser les spectateurs, heureusement cela n’est jamais arrivé. Mon secret ? J’utilisais du pétrole désaromatisé que l’on utilise habituellement pour les lampes à pétrole. C’était la belle vie ! En hiver, je partais me reposer en Espagne, à Séville. »
Après ce métier d’aventure, Gérard a joué les gros bras… « J’ai été aussi garde du corps occasionnel des Berurier noir, des Parabellum, de la Souris déglinguée dans les années 80. Je les accompagnais lors de leurs tournées dans toute la France. C’était quelque chose, par exemple, les Berurier noir, buvaient tellement d’ »eau » qu’ils se courraient les uns après les autres après les concerts (rires). Pour Eddy Mitchell, c’était très occasionnel, j’assurais sa sécurité dans les campings lors des festivals d’été. », se rappelle-t-il.
Si aujourd’hui Gérard vit seul et peut compter sur le soutien des Petits Frères des Pauvres de Paris, il tient à son indépendance et son autonomie, acquises grâce à son métier : « J’ai appris à me démerder, à faire tout moi même ! Par exemple, j’ai appris à réparer mon camion seul, à mettre les mains dans le moteur, dans le « cambouis ». », précise-t-il.
François, 64 ans, d’acteur à moine…
Avant d’être accompagné par les Petits Frères des Pauvres de Paris alors qu’il traversait une période compliquée, François, 64 ans, a connu une vie très riche. Grâce à son père qui travaillait pour l’ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française) puis Antenne 2, il a passé son enfance sur les plateaux télé où il a eu la chance de rencontrer de nombreux artistes. À 20 ans, il est aussi mannequin pour la maison Chanel. Plus tard, François se forme au cours Simon et au centre national des arts dramatiques pour exercer le métier d’acteur. « Être sur une scène, sentir les spectateurs s’émouvoir de vos paroles, réagir à un texte, c’est bouleversant. On se dit que l’on n’a pas perdu son temps, c’est la force de l’art », sourit-il.
Après quelques années sur scène, il se reconvertit en berger… puis se réoriente à nouveau pour devenir moine ! « Ces sept années ont été les plus belles de ma vie. Une vie de prières, dans le dénuement matériel le plus total, une vie fraternelle avec des frères que l’on n’a pas choisis, dans des lieux sublimes, notamment à l’abbaye de Sainte Foy de Conques », décrit François.
François a aussi été assureur, journaliste, écrivain et rédacteur en chef d’une revue spirituelle : une carrière pas banale, n’est-ce pas ?
Michelle, 77 ans, du cirque aux plateaux télévisés
Michelle, 77 ans, parle de ses souvenirs avec des étoiles dans les yeux. Cirque, théâtre, chant, danse, publicité, cinéma… Michelle a touché à tout ! Elle a commencé très jeune, à l’âge de 9 ans, à faire du spectacle et allait d’ailleurs à « l’école du spectacle » qui lui permettait d’avoir des cours l’après-midi et d’assurer des représentations le soir.
« C’est un métier où l’on ne prend pas sa retraite, il faut des gens de tous les âges mais j’ai été obligée d’arrêter à 60 ans pour des problèmes de santé », regrette-t-elle.
Pour les cirques Pinder et Gruss, elle assurait un numéro avec des éléphantes. Quant aux publicités, elle a notamment incarné « la première Laitière. Comme la peinture de Vermeer. Depuis, il y a eu plusieurs filles mais moi j’ai été la première ».
Elle a eu aussi l’occasion de rencontrer des célébrités françaises et américaines, dont elle garde de nombreuses anecdotes : « J’ai gardé un très bon souvenir de Louis de Funès. Il était très gentil mais aussi très timide et complexé. C’était tout à fait le contraire de ce qu’on voyait à l’écran ! Il ne se prenait pas pour une star. Il m’avait demandé pour le film « Sur un arbre perché » de lui faire une grimace lors de la prise ! Mais je n’ai pas osé… »
Ce qu’elle a aimé dans sa carrière ? « Tout. Ce qui me plaisait, c’est que ce n’était jamais pareil. Chaque jour était différent. Moi je n’aurais pas aimé un métier où il y avait un train-train quotidien. Certaines personnes recherchent ça mais moi non, j’aimais que ça soit varié ! »
Aujourd’hui accompagnée par les équipes des Petits Frères des Pauvres à Paris (75), les visites des bénévoles sont l’occasion de discuter de ces sujets ou d’autres thèmes.
Gilbert, 65 ans, chanteur
Gilbert, 65 ans, est accompagné par les Petits Frères des Pauvres de Paris depuis 20 ans et résident de la pension de famille La Gaité depuis son ouverture. Au sein de notre Association, Gilbert trouve chaleur, réconfort et lien social. Mais ce qui le fait vibrer au quotidien, c’est la musique. Notre aîné est chanteur.
Pendant le confinement, sa carrière a été mise à rude épreuve « C’est très difficile. J’ai dû annuler de nombreux rendez-vous importants, notamment un enregistrement qui était prévu au mois de mai dans un studio. Le fait de ne plus pouvoir exercer mon travail de la même manière est éprouvant. », regrette-t-il. Heureusement, son métier lui a donné une véritable discipline et une passion qui l’ont beaucoup aidé à occuper ses journées : « Je travaille beaucoup sur mes morceaux, je chante beaucoup Michel Delpech. J’essaye de répéter tous les jours. ».
Claudette, 90 ans, chef monteuse
« Un métier de rêve fait une vie de rêve » déclare Claudette, 90 ans. Et pour elle, ce métier de rêve… c’était chef monteuse de films. À l’époque, elle réalisait les doublages des films qui était filmés en direct. Pendant sa carrière, elle a eu l’occasion de côtoyer de grands acteurs et réalisateurs tels que Jean Gabin, Daniel Gélin, Fernandel et Louis de Funès qui l’a particulièrement marqué : « Oh lui, il fallait toujours qu’il se fasse connaître ! ». Elle se rappelle notamment de ses arrivées flamboyantes dans sa DS rose.
Son métier reste riche de souvenirs pour Claudette : « Pour moi, ça a été le meilleur de ma vie ». Une vie pleine de rebondissements qu’elle partage avec les bénévoles des Petits Frères des Pauvres de Clichy (92) qui viennent régulièrement lui rendre visite.
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