Rompre l’isolement de ceux qui vivent une double peine. C’est la motivation qui a fait naître l’action des Petits Frères des Pauvres en milieu carcéral et notamment en hôpital carcéral.
« À l’isolement lié au lieu d’enfermement s’ajoute la rupture des liens familiaux et sociaux, les problèmes financiers, la perte d’un travail, d’un logement … et si en plus les personnes détenues sont âgées, malades quelques fois avec un « pronostic vital engagé », elles doivent supporter une multitude de peines. », explique Anne Legge, coordinatrice de l’équipe accompagnement des personnes malades et en fin de vie, qui intervient aussi en milieu carcéral à Paris (75).
Parce que pour les Petits Frères des Pauvres, il est essentiel d’accompagner les personnes dignement jusqu’à la fin de leur vie, y compris en milieu carcéral, des équipes interviennent au sein d’unités de soins carcérales. C’est le cas par exemple en région parisienne, à l’hôpital pénitentiaire de Fresnes (94) et l’Unité Sécurisée Interrégionale de la Salpêtrière (75). D’autres équipes existent sur le territoire, par exemple à Marseille, à Lyon, à Rennes ou encore dans le Pas-de-Calais.
« Lors de ses rencontres hors du commun il est essentiel de voir la personne pour ce qu’elle est dans son humanité sans juger son acte délictuel ou criminel. Nous allons vers « un autre que soi« , c’est-à-dire, une femme ou un homme quelles que soient les erreurs commises. Au-delà du crime ou du délit commis, la rencontre est avant tout une rencontre interhumaine », ajoute Anne Legge.
Les bienfaits des visites des bénévoles aux détenus malades
C’est pourquoi notre Association intervient en hôpital carcéral pour accompagner sans jugement et sans discrimination. Pour les détenus, ces visites régulières apportent une écoute, une attention et un réconfort dans leur quotidien monotone. « Cela permet aux détenus d’avoir une écoute, de parler à quelqu’un qui n’est pas médecin ni avocat et qui ne pose pas de questions sur la maladie ou sur le dossier judiciaire, d’avoir quelqu’un qui a du temps. Ce n’est pas la famille non plus, d’ailleurs le plus souvent il n’y en a pas. », résume Anne Legge.
« Pour moi, c’est très simple : je suis une oreille. Une oreille qui leur permet de rompre les monologues qu’ils pratiquent dans cette chambre-prison, qui est confortable mais qui est très fermée. Cela brise un peu leur solitude. », ajoute Alain, bénévole des Petits Frères des Pauvres à l’UHSI de la Salpêtrière (75).
Alors qu’ils sont malades, parfois très gravement, la présence d’un bénévole permet de lever les inquiétudes ou juste, d’avoir quelqu’un avec qui les partager… « En général, lorsque les détenus arrivent au sein de l’unité, ils ne savent pas encore ce qu’ils ont… donc ils sont dans une angoisse parce qu’ils souffrent, stressés parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils ont et inquiets car ils ignorent ce qu’on va leur faire. Au tout début de leur hospitalisation, ils sont au plus mal et s’ils acceptent que j’entre dans leur chambre pour parler avec eux, c’est que ça leur permet de lever un tout petit peu de cette angoisse. Ils peuvent exprimer toutes leurs interrogations, leurs incertitudes, leurs espérances… », témoigne le bénévole.
Les bénévoles permettent aussi aux détenus d’avoir une certaine ouverture sur le monde, de parler de tout et de rien… « Dernièrement, j’écoutais une femme qui avait un cancer en phase terminale me déverser tout son mal-être, ses problèmes de santé, sa souffrance d’être éloignée des siens et de ses enfants et au moment de partir, elle m’a dit « merci d’être venu, ça m’a changé les idées ». Nous leur changeons les idées… », poursuit-il.
>> Pour en savoir plus sur ce bénévolat, découvrez l’interview complète d’Alain, bénévole en hôpital carcéral
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