Je suis : 

Rechercher
Fermer ce champ de recherche.
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

France Inter – Les générations se donnent la main

Dernières actualités

22 août 2024

Ces célébrités se sont révélées sur le tard…

Lire l'actualité

13 août 2024

Qu’est-ce que la solidarité intergénérationnelle ?

Lire l'actualité

08 août 2024

Comment faire un testament ?

Lire l'actualité
Voir tout
Échanges de savoirs, habitats partagés, bénévolat de compétences…Des associations s’engagent pour de nouvelles solidarités intergénérationnelles. 5 émissions spéciales de France Inter avec La Vie Les 17, 18, 21, 22 et 23 novembre à 12 h 30, retrouvezl’enquête « Les générations se donnent la main » dans Carnets de campagne, de Philippe Bertrand, coprésentée par Laurent Grzybowski, journaliste à La Vie chargé des questions sociales

La lutte des âges a-t-elle remplacé la lutte des classes ? Certains l’affirment. Depuis le débat sur la réforme des retraites en 2010, où l’on a vu des franges de la population dénoncer les privilèges dont bénéficieraient les plus anciens, le discours ambiant reste marqué par la conviction que les générations s’opposent en termes économiques et de revenus. D’autres affirment qu’elles sont condamnées à s’éloigner sous l’effet des nouvelles technologies. L’émergence de la génération Y (qui a grandi avec l’ordinateur personnel, 1980-1995) et bientôt celle de la Z (qui n’a connu qu’Internet et les jeux électroniques, 1995-2010) seraient la preuve que les seniors sortent de l’histoire tandis que les plus jeunes inventent un autre monde. Pourtant, dans les faits, les choses apparaissent bien différentes. « Jeunes et vieux ne sont pas toujours opposés ou indifférents les uns aux autres », assure le sociologue Serge Guérin, coauteur d’un livre à paraître en janvier 2017, La guerre des générations n’aura pas lieu (Calmann-Lévy). Selon lui, « les coopérations existent, dans tous les domaines, et les initiatives intergénérationnelles n’ont jamais été aussi florissantes ». Une « silver économie » s’est déjà constituée en réponse au vieillissement de la population, investissant tous les secteurs essentiels de la vie quotidienne : transport, assistance téléphonique, assurance, habitat, sécurité ou alimentation. Mais à côté de ce marché plutôt juteux, il existe une réalité bien plus riche humainement et surtout plus respectueuse des personnes âgées dans leur intégration à la vie sociale.Si les jeunes ont besoin de leurs aînés pour se construire, les anciens ont besoin des plus jeunes pour rester dans le temps présent.Partout en France, des centaines d’associations, des collectifs locaux et des dizaines de milliers de bénévoles s’engagent aujourd’hui dans la rencontre intergénérationnelle. Échanges de savoirs, habitats partagés, bénévolat de compétences, services à la personne (de manière réciproque), soutien scolaire, parrainage, entraide de proximité… La solidarité s’exerce dans tous les domaines : éducation, urbanisme, logement, emploi, loisirs, mobilité.Ces actions contribuent à soulager l’isolement, le mal-être, les difficultés ponctuelles. Individuelles ou collectives, elles créent du lien social et familial, constituant un gisement d’actions innovantes et porteuses d’avenir. Avec un maître mot : la réciprocité. Si les jeunes ont besoin de leurs aînés pour se construire, les anciens ont besoin des plus jeunes pour rester dans le temps présent et mieux percevoir le monde actuel. Dans ce domaine, les Petits Frères des pauvres, qui célèbrent en 2016 leur 70e anniversaire, ont été des précurseurs. Avec ses 9000 bénévoles, dont la plus grande partie a moins de 30 ans, ce mouvement accompagne des personnes souffrant d’isolement, de pauvreté matérielle et de précarités. Il intervient aujourd’hui en priorité auprès des personnes âgées de plus de 50 ans. « La solidarité entre jeunes et anciens fait partie de notre ADN », confie Isabelle Doumro, directrice du Centre de rencontre des générations, à Nouan-le-Fuzelier, en Sologne. Ce lieu de vie créé dans les années 1990 accueille simultanément des personnes âgées en séjour temporaire ou en hébergement permanent, des jeunes en classes de découverte ou en vacances, des stagiaires en formation, des familles et des gens de passage au sein de l’hôtellerie associative. « Tout notre projet est basé sur la rencontre intergénérationnelle. L’accent est mis sur la convivialité, aussi bien au sein de l’hôtellerie associative que de la résidence pour personnes âgées.»En coloc avec MamiePour rapprocher les générations, rien de tel que de les faire cohabiter ! C’est en tout cas la conviction de Générations et Cultures, fondé en 1981 à Lille, dont l’objectif est de favoriser la proximité entre personnes d’âges et de cultures distinctes. Cette association a créé le dispositif Un toit à partager qui met en relation des 18-30 ans avec des retraités vivant seuls et ayant une chambre de libre. Un choix gagnant-gagnant qui répond au double problème de logement des jeunes et d’isolement des seniors. C’est aussi l’opportunité pour ces derniers de se faire aider dans certains gestes pénibles du quotidien. De leur côté, les étudiants ne paient qu’un faible loyer (200 euros par mois, charges comprises) et trouvent aussi de la compagnie : pour certains, les premières années d’études, loin de leur famille et de leurs amis, peuvent être déprimantes.Né en Espagne il y a une dizaine d’années, après la canicule de 2003, le concept de logement intergénérationnel est un excellent moyen de lutter contre la crise du logement qui existe dans toutes les grandes villes. « Habiter dans un logement vétuste ou payer un loyer exorbitant empêche beaucoup de jeunes d’effectuer leurs études dans de bonnes conditions », constate Stéphanie Fiordaliso, chargée de projet à Générations et Cultures. « Habiter chez une personne âgée, en plus de pallier cet obstacle, permet de réviser dans le calme. » Ce dispositif existe aujourd’hui dans toutes les villes de France. À Paris, le coût pour l’étudiant dépend de la formule d’hébergement : plus il s’engage à passer du temps (des soirées ou des week-ends) avec son hôte et à lui rendre des petits services, moins sa contribution est élevée.Les associations qui oeuvrent dans ce domaine sont garantes du bon déroulement de la cohabitation, selon les principes énoncés dans une « charte de cohabitation », et veillent notamment à ce que le jeune ne se substitue en aucun cas à un soignant ou autre professionnel nécessaire au maintien à domicile du senior. Il peut bien entendu rendre des services (fermeture des volets, courses, repas…), mais uniquement selon une logique de convivialité au quotidien. À l’heure actuelle, les associations n’ont aucun mal à trouver des jeunes volontaires pour ce dispositif innovant, mais les seniors, bien que souvent intéressés par cette démarche, éprouvent encore des réticences à se lancer dans l’aventure.La mobilité pour tousLa solitude des anciens peut aussi être liée à des problèmes de mobilité. Ici et là, des initiatives émergent pour leur redonner une certaine liberté de mouvement. En Vendée, l’association Solidarité transports, fondée en 2010, regroupe des chauffeurs bénévoles qui viennent en aide aux plus âgés, pour lesquels les déplacements en communes rurales isolées sont souvent difficiles. Pour une somme modique (3 euros d’adhésion annuelle, puis 40 centimes du kilomètre), les personnes âgées peuvent ainsi se rendre à leurs rendez-vous ou faire des courses. Une démarche proche de celle des Lyonnais de Cyclopousse. Les seniors bénéficient de trajets en tricycle, conduit par un accompagnateur formé, pour 1,90 euros par course (abonnement : 29 euros par an).Lorsqu’il s’agit de transmettre ou d’aider les plus jeunes dans leurs études, les volontaires ne manquent pas. L’association Ensemble demain en sait quelque chose, elle qui organise depuis 2005 des ateliers pédagogiques intergénérationnels, déclinés en fonction des programmes de la maternelle au lycée. « Notre objectif est de rompre l’isolement des seniors, mais aussi de favoriser la réussite éducative des élèves, en luttant contre le décrochage scolaire et contre l’illettrisme », témoigne sa fondatrice, Carole Gadet, ancienne professeure des écoles du XXe arrondissement de Paris, en zone d’éducation prioritaire (ZEP). Soutenu par l’Éducation nationale, ce programme touche aujourd’hui plus de 65 départements. Les ateliers ont lieu, au choix, dans les établissements scolaires ou en dehors.Pour mener à bien son action, Ensemble demain fait appel à des étudiants, à des retraités, à des clubs du troisième âge et à des maisons de retraite. Les volontaires, nombreux, interviennent dans toutes les disciplines : éducation civique, histoire, langues, sciences, arts, sport et musique. « Avant de se retrouver avec des seniors, beaucoup d’élèves en échec scolaire n’arrivaient pas à entrer dans un apprentissage et il y a eu comme un déclic, explique Carole Gadet. Cette rencontre a tout changé. Est-ce grâce au respect naturel que les jeunes peuvent ressentir envers les anciens ou parce qu’ils sont face à des personnes qui ont du temps pour les écouter et les valoriser ? Je n’en sais rien, mais je constate que les bénéfices sont réciproques. Les personnes âgées qui interviennent dans nos ateliers ont souvent moins de problèmes de santé ou de mémoire que les autres. »C’est valorisant, un jeune qui vous remercie, un chef d’entreprise qui vous envoie un mail disant que vous l’avez bien aidé ou un demandeur d’emploi qui raconte qu’il a décroché un job.Apporter son expérience à ceux qui entrent sur le marché du travail, ou aux jeunes entrepreneurs, c’est l’objectif d’Entente des générations pour l’emploi et l’entreprise (EGEE). Cette association dite de « bénévolat de compétences » regroupe des cadres et des dirigeants à la retraite qui acceptent d’accompagner et de soutenir les plus jeunes. C’est le cas d’Yves Mounier, délégué départemental pour l’Ille-et-Vilaine. Cet ex-officier de l’armée de terre est conseiller auprès de diplômés de 25 à 35 ans, dont certains n’ont jamais trouvé de travail et vivent du RSA. « Beaucoup sont en souffrance et ont une image dévalorisée d’eux-mêmes, précise-t-il. Nous ne portons aucun jugement, nous sommes là pour les aider. Nous essayons d’identifier avec eux les points de blocage et de leur donner les moyens de rebondir. » Au terme de ce processus, qui peut durer de trois à six mois, 75% des jeunes parviennent à sortir de l’ornière. Un beau taux de réussite ! « C’est valorisant, un jeune qui vous remercie, un chef d’entreprise qui vous envoie un mail disant que vous l’avez bien aidé ou un demandeur d’emploi qui raconte qu’il a décroché un job et qui souligne que 50% des questions posées à l’entretien d’embauche avaient été anticipées grâce à vous, raconte Yves Mounier. On s’enrichit de toutes ces rencontres qui permettent de rester dans le coup et de ne pas être déconnecté du monde réel. C’est gratifiant. » Transmettre un savoir-faireD’autres formes de transmission existent, notamment par le biais d’activités d’artisanat, de bricolage ou de jardinage. Née en 1994, l’association l’Outil en main a, dès sa création, mis en lien des artisans à la retraite avec des enfants de 9 à 14 ans, pour les initier aux métiers manuels. « Cette activité permet à des gens de métier, riches de leur expérience, de rester dans la vie active en transmettant aux jeunes générations les bons gestes, avec l’amour du travail bien fait et un savoir-faire qui ne s’apprend pas dans les livres, témoigne Alain Lehébel, président de l’union des associations l’Outil en main. Les ateliers sont des lieux de rassemblement et d’échange entre jeunes et anciens, aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain. » Leur but ? Revaloriser les métiers manuels artisanaux, du bâtiment et du patrimoine tels que carreleur, charpentier, couvreur, maçon, métallier, mosaïste, plombier, tailleur de pierre, métiers d’art, de bouche, industriels. « Les gens de métier retraités font oeuvre utile en contribuant à l’épanouissement de l’enfant et en lui faisant découvrir leur métier. Ils reprennent ainsi, chaque semaine, quelques heures d’activité réelle, le goût des projets et profitent de la relation privilégiée entre grands-parents et petits-enfants, ce qui donne à cette action une dimension exceptionnelle. »En ville comme à la campagne, de nombreuses associations se sont lancées ces dernières années dans le jardinage intergénérationnel. Créé en 2007 sur le territoire de la communauté de communes du Val de Dronne, en Dordogne, Lo Barradis Perduz est un jardin dédié à la rencontre des générations et à la transmission des savoirs. Composé de huit carrés de 2 mètres sur 2, il est entretenu par une trentaine d’anciens qui désherbent et arrosent. Une quarantaine enfants s’y rendent régulièrement avec le centre de loisirs, dans le cadre de l’accueil périscolaire ou pendant les vacances, pour semer, récolter et voir à l’oeuvre les cycles de la nature. Ils peuvent y croiser des membres de la résidence pour personnes âgées qui les initient volontiers à l’art de la bouture.Lutter contre l’isolementPourtant, malgré ces engagements forts, plusieurs études récentes montrent que la coupure entre les générations reste importante en France, plus forte que la moyenne européenne. « Il n’existe pas assez de lieux dans la société permettant de vivre et de construire ensemble, tous âges confondus », estime Isabelle Doumro, des Petits Frères des pauvres. « Les jeunes ont rarement l’occasion de se valoriser auprès de leurs aînés. Quant aux personnes âgées, leurs lieux et conditions de vie les entraînent vers un isolement progressif, parfois destructeur. »Pour prévenir cet isolement, Unis-Cité, pionnière du Service civique en France, déploie un programme national, les Intergénéreux. Portée par des volontaires, de 16 à 25 ans, d’origines culturelles et sociales diverses, ayant en commun l’envie de consacrer une étape de leur vie aux plus démunis, cette mission a mobilisé 600 jeunes l’an dernier. Encadrés par un réseau de professionnels, ils sont intervenus en binômes au domicile de personnes âgées isolées et en résidence pour favoriser leur bien-être. Visites à domicile, recueil de mémoires, initiation aux nouvelles technologies et sorties sont au programme. Ces Intergénéreux reçoivent une formation citoyenne et découvrent dans l’action les codes et les exigences du monde professionnel. Encore et toujours, la transmission.« Les personnes âgées sont un livre d’or pour les générations suivantes, résume Serge Guérin. Elles facilitent le travail de mémoire et la compréhension du présent. Face aux attentats, par exemple, elles ont plutôt été moins inquiètes que le reste de la population. Notamment parce qu’elles ont connu des périodes bien plus agitées. Soit parce qu’elles les ont vécues directement, soit parce que leurs parents les leur ont racontées. Notre histoire est tragique, nous l’avions oublié. Parce qu’il apporte une certaine profondeur, le recul historique permet de ne pas tomber dans l’émotionnel. Ceux qui savent cela le mieux sont ceux qui ont le plus vécu. Vu notre actualité troublée, nous risquons d’avoir encore longtemps besoin d’eux.»Laurent GRZYBOWSKI – La VieL’émission Carnets de Campagne animée par Philippe Bertrand (et diffusée tous les jours de la semaine de 12h30 à 12h45) sur France Inter a consacré un dossier en partenariat avec le magazine La Vie sur les solidarités intergénérationnelles. Aujourd’hui 22 novembre, c’est le Centre de Rencontre des Générations des petits frères des Pauvres à Nouan-le-Fuzelier (41) qui était à l’honneur avec une interview de sa directrice, Isabelle Doumro.« Des rencontres qui créent des liens durables »Fondé par les petits frères des Pauvres, le Centre de rencontre des générations (CRG) est un lieu de vie atypique qui accueille simultanément des personnes âgées, de manière temporaire ou en hébergement permanent, des jeunes scolaires ou en vacances, des stagiaires en formation ou des familles. Notre maison médicalisée permet aussi d’accompagner des personnes en soins palliatifs. Dans notre projet, tout est orienté vers la rencontre intergénérationnelle. Les enfants des écoles environnantes viennent souvent nous rendre visite pour des goûters festifs ou pour partager des activités telles que la lecture ou le jardinage. Les rencontres sont toujours joyeuses et spontanées. Des liens durables se créent. C’est beaucoup de bonheur pour les résidents !Isabelle Doumro, Directrice du CRG des petits frères des Pauvres, à Nouan-le-Fuzelier (41)

Partager cet article
A propos de l’auteur
Image de Audrey Achekian
Audrey Achekian
Biographie test Biographie test Biographie test Biographie test Biographie test Biographie test Biographie test Biographie test Biographie test Biographie test Biographie test Biographie test

Consulter d'autres actualités

Ces célébrités se sont révélées sur le tard…

Il n’est jamais trop tard pour oser créer, innover, se révéler et rêver ! Et l’Histoire...

Qu’est-ce que la solidarité intergénérationnelle ?

Avec combien de personnes de générations différentes échangez-vous vraiment ? Alors que les Petits Frères des...

Comment faire un testament ?

Vous avez prévu d’établir votre testament, mais vous ne savez pas comment vous y prendre. Quels...

Faire un don