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L’isolement de nos aînés, un enjeu pour la fraternité, pas un nouveau marché !

Les offres commerciales pour lutter contre l'isolement des personnes âgées se multiplient. © Petits Frères des Pauvres
Les offres commerciales pour lutter contre l'isolement des personnes âgées se multiplient. © Petits Frères des Pauvres

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Vous payeriez quelqu’un pour discuter avec vous si vous vous sentez seul ? La question peut vous paraître saugrenue, surprenante, voire dérangeante et pourtant, ce type d’offre commerciale fleurit régulièrement sur le marché. Tout particulièrement pour les personnes âgées pour qui l’allongement de la vie et les évolutions sociétales conduisent à une hausse inquiétante de la solitude et l’isolement.

De l’entreprise ayant pignon sur rue aux jeunes pousses de la nouvelle économie, la promesse est identique : une relation payante pour permettre à nos aînés de sortir de leur isolement.

Tout récemment, une plateforme numérique propose de discuter ou de jouer aux cartes avec un étudiant dans son catalogue de services, au même titre que l’aide au ménage, le bricolage ou le dépannage informatique. Cette entreprise vient d’ailleurs de recevoir un prix saluant cette initiative intergénérationnelle.

Experts depuis de nombreuses années de la lutte contre l’isolement de nos aînés, les Petits Frères des Pauvres s’interrogent à plusieurs niveaux. Cette multiplication de plateformes numériques proposant de rompre l’isolement avec des offres commerciales démontre une regrettable méconnaissance de l’isolement relationnel. En effet, de nombreuses études ont montré que l’isolement des personnes âgées touche majoritairement des femmes seules, de plus de 75 ans, avec des revenus modestes.

L’étude que nous avons publiée en septembre 2017* le confirme, comme elle relève également que ces mêmes personnes sont celles qui sont le plus en situation d’exclusion numérique. 47 % des 75-84 ans n’utilisent jamais Internet, 68 % des plus de 85 ans.

Tarifs élevés, accès aux services uniquement via Internet, ces offres risquent d’exclure encore plus les personnes qui n’ont ni les moyens de les payer, ni l’usage du numérique et de les confiner encore plus dans l’isolement et le repli sur soi. Nous nous interrogeons aussi sur la confusion entre services d’aide à domicile et maintien du lien social. Les Français souhaitent vieillir à domicile et le développement de nouvelles offres qui peuvent permettre le maintien à domicile est souhaitable pour répondre à la demande croissante.

La mort sociale n’est pas un modèle économique

Notre étude a mis en exergue que l’isolement, c’est aussi de ne pas pouvoir avoir des relations de qualité : 32 % des plus de 60 ans n’ont aucune personne avec qui parler de sujets personnels (un score qui monte à 39 % auprès des 75 ans et plus). Pour nous, la souffrance de milliers de personnes en situation de « mort sociale » n’est pas un modèle économique. Un temps d’échange dans un cadre professionnel n’aura jamais la même valeur que le lien créé dans une relation gratuite et choisie, d’égal à égal, même si les professionnels ont un rôle indispensable pour favoriser le maintien à domicile. 

La reconnaissance de ces offres via l’attribution de prix nous questionne aussi. Légitimer et prôner ces relations « tarifées » traduisent une évolution étonnante des nouvelles formes d’économie solidaire. D’une part, monétiser une souffrance est tout sauf de l’innovation sociale. D’autre part, les services de maintien à domicile ne s’improvisent pas et nécessitent un personnel régulièrement formé, disposant d’une approche et d’un savoir-faire spécifiques. Heureusement, les Français, eux, ne s’y trompent pas. Ces offres fonctionnent à minima, voire s’arrêtent rapidement. En revanche, et nous nous en réjouissons, nos concitoyens ont soif d’engagement et sont touchés par la cause des personnes âgées les plus isolées.

Depuis plusieurs années, le nombre de bénévoles qui nous rejoignent -dont de nombreux jeunes de moins de 30 ans- est en augmentation constante. Leurs témoignages au quotidien de la richesse d’une vraie relation gratuite et voulue des deux côtés, de personne à personne nous rendent résolument optimistes. Nous allons continuer à encourager, favoriser, valoriser encore plus l’engagement citoyen.

Armelle de Guibert, Déléguée générale des Petits Frères des Pauvres : 

Face aux valeurs marchandes, ce sont les valeurs humaines qui vont permettre à chacun de nos aînés souffrant d’isolement et de solitude de vieillir le plus sereinement possible, dans l‘échange et le partage ! 

*Solitude et isolement, quand on a plus de 60 ans en France (Petits Frères des Pauvres/CSA, septembre 2017). 

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Audrey Achekian
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