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La triste réalité derrière la dénutrition des personnes âgées

Manger seul jour après jour, un facteur de risque de la dénutrition... © William Jézéquel / Petits Frères des Pauvres
Manger seul jour après jour, un facteur de risque de la dénutrition... © William Jézéquel / Petits Frères des Pauvres

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Du 12 au 19 novembre 2024, c’est la semaine de la dénutrition. Derrière ce terme médical, se cache le quotidien de milliers de personnes âgées qui ne s’alimentent pas suffisamment ou correctement parce qu'elles en ont perdu l'envie ou qu'elles n'ont pas le choix. Heureusement, les Petits Frères des Pauvres regorgent d’idées pour redonner goût à la cuisine à nos aînés au sein de nos établissements. Démonstration.

On estime que 400 000 personnes âgées à domicile et 270 000 aînés en Ehpad seraient touchés par la dénutrition. À la maison, pour beaucoup, manger seul, jour après jour fait disparaitre l’envie de s’alimenter suffisamment ou correctement. En Ehpad, les situations sont diverses : basse qualité des produits pour réaliser des économies, apport systématique de repas mixés pour un gain de temps, le suivi scrupuleux des normes d’hygiène et de sécurité alimentaire qui aboutissent à des repas standardisés et sans saveurs (œufs en poudre, sauces reconstituées…) ou encore temps de repas trop rapides pour les personnes âgées peuvent conduire à de la dénutrition. Raymond, une personne âgée, s’en plaignait d’ailleurs aux Petits Frères des Pauvres cet été : « les conditions de vie deviennent difficiles surtout pour les repas qui sont indigestes. Malgré nos réclamations, la direction reste intraitable et ne cherche pas améliorer notre ordinaire. J’ai une prise de sang qui a révélé une dénutrition ».

Contre la dénutrition, retrouver le plaisir de s’alimenter 

Pour les Petits Frères des Pauvres, alimentation et plaisir sont intimement liés. Nous accordons une importance fondamentale à la cuisine dans tous nos établissements : nous avons donc opté pour une cuisine « maison ». « La cuisine, c’est l’un des derniers plaisirs qu’il nous reste quand l’autonomie baisse », observe Luc Bougeot, Directeur de la maison Charmanon, l’un des établissements des Petits Frères des Pauvres proposant de l’accueil temporaire et des séjours vacances à Grézieu-la-Varenne (69). La maison Charmanon a d’ailleurs remporté un concours de cuisine, preuve de la qualité de nos mets.

L’importance du plaisir dans l’assiette a d’ailleurs été confirmée par nos aînés eux-mêmes, dans le recueil « Paroles de résidents, Paroles de résistants » auquel participaient 97 personnes accompagnées par les Petits Frères des Pauvres qui vivaient en EHPAD : « La nourriture c’est pas fameux-fameux mais on est obligé d’accepter ce qu’on mange parce qu’il n’y a pas autre chose. » ou encore : « Moi je suis obligée d’acheter des sardines en boite, du thon, des petites crevettes, des avocats. Ça me fait plaisir. Ici il n’y a rien. »

La cuisine, c’est l’un des derniers plaisirs qu’il nous reste quand l’autonomie baisse

Refus de s’alimenter : les solutions pour redonner l’appétit aux personnes âgées 

Avec la dénutrition, on peut être face à une personne âgée qui ne peut plus manger ou qui oppose un refus de s’alimenter. Et pour cause, petit à petit, plus rien ne leur font envie, le moral est en berne et ils ne ressentent plus d’attrait pour la nourriture. 

Dans ces cas-là, il va être nécessaire de leur redonner goût pour les repas ! Quand une personne âgée refuse de manger ou ne peut plus manger, cherchez à identifier les raisons puis suivez ces préconisations des Petits Frères des Pauvres, émises à l’issue de notre rapport, comme : « Redonner aux repas la valeur plaisir et non pas seulement la valeur nourrir, car manger est un plaisir que l’on doit garder toute sa vie », « Faciliter les repas en renforçant la présence du personnel à table » ou encore « Favoriser la participation des résidents dans l’élaboration des recettes et des menus ».

À noter, si le refus de s’alimenter persiste ou que la personne âgée ne peut plus manger et que son état s’aggrave, demandez conseil à un médecin.

Des recommandations que nous appliquons dans nos propres établissements afin de redonner l’envie de manger aux personnes âgées. Nos recettes secrètes ? « À Charmanon, comme dans nos autres maisons, nous n’avons pas de contrat de délégation pour les repas. Nous cuisinons nous-mêmes, ce qui fait que les repas ne sont pas standardisés. », décrit Luc Bougeot. 

Dans nos établissements, nous favorisons la participation des personnes dans des « commissions menu » et nous leur demandons ce qu’elles aimeraient déguster pour les repas. 

Nous sommes attachés aux produits frais et à soigner la présentation des plats car cela stimule l’appétit.

Nous veillons également à ce qu’un membre de l’équipe soit présent à chaque table pour aider les personnes qui en auraient besoin.

J’ai pris 3 kg, on mangeait tellement bien, je les ai gardés ! 

Nous organisons aussi régulièrement des ateliers ou des séminaires autour du bien-manger. Par exemple, l’Abbaye de la Prée accueillait mi-octobre 2020 un séjour de vacances sur le thème « Manger bon, bien manger » pour 8 résidents des établissements parisiens des Petits Frères des Pauvres accompagnés d’une diététicienne et d’un cuisinier. Au menu : redonner goût aux personnes isolées de se faire à manger lorsqu’elles sont seules chez elles et que cela devienne un plaisir. 2e idée : Leur apprendre que manger équilibré améliore la santé.

Des préconisations qui portent leurs fruits… Au cours de nos séjours de vacances, de nombreuses personnes âgées retrouvent le plaisir de manger avec des plats savoureux, dans une ambiance conviviale, et reprennent du poids. « C’était un séjour de rêve, je n’avais pas revu la mer depuis 17 ans. J’ai pris 3 kg, on mangeait tellement bien, je les ai gardés ! », se rappelle Alain, 71 ans, en séjour de vacances au château de Jully-lès-Buxy.

Pour les Petits Frères des Pauvres, le repas ce n’est pas que se nourrir, c’est avant tout une question de plaisir que l’on doit pouvoir garder toute sa vie !

 

 
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Audrey Achekian
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