L’accompagnement des vieux migrants en foyer ADOMA constitue l’un des nombreux champs d’action des petits frères des Pauvres.Briser l’isolementÀ Montreuil, une fois par mois, les bénévoles de l’antenne de la ville se rendent au foyer ADOMA de la place Berthie Albrecht le temps d’une rencontre avec ses résidents, ceux que l’on appelle affectueusement les chibanis , les anciens en arabe. Ces migrants de la première heure, souvent arrivés en France au sortir de la Seconde Guerre mondiale, ont laissé derrière eux leurs vingt-ans. Ils sont majoritairement d’origine maghrébine ou africaine et ont eu des parcours de vie difficiles. Très tôt arrachés à leur terre natale de l’autre côté de la Méditerrannée, à leur famille, leur culture, ils ont dû souffrir de l’exploitation industrielle et de la misère économique et sociale… Et dans ce lot de souffrances, il y a l’isolement et le sentiment de solitude qui s’est développé, que les barrières culturelles et linguistiques n’ont fait que renforcer. C’est une souffrance qui ne s’exprime pas, par déni, par honte, par pudeur.Tisser des liens durablesPour lutter contre le repli sur soi et le sentiment d’abandon que la solitude peut provoquer, l’accompagnement des petits frères des Pauvres intervient petit à petit, à travers des actions collectives et conviviales, autour d’un goûter et de jeux. Pour ces loups solitaires , instaurer une relation amicale et fraternelle authentique, ça prend du temps. Et les bénévoles prennent ce temps. Pour être identifiés, pour signifier la bienveillance des petits frères à l’égard de ces résidents âgés et bien sûr, pour tisser progressivement ce lien de confiance essentiel à un accompagnement dans la durée. Au fil des mois, on découvre des personnes respectueuses et chaleureuses dont les rires et la bonne humeur transforment une journée quelconque en un instant unique.L’échange au coeur de la relationDès 16h, les premiers résidents timidement arrivent dans la salle commune, au rez-de-chaussée du bâtiment. Autour d’un café ou d’un jus de fruit, des bribes de conversations s’amorcent. Certains, légèrement farouches, observent du pas de la porte la scène sans toutefois oser se joindre au groupe. D’autres au contraire, participent de bon coeur à cette parenthèse de convivialité et n’hésitent pas à transmettre avec plaisir aux plus novices les règles stratégiques du jeu. Les parties de dominos s’enchaînent, les perdants deviennent gagnants et ainsi de suite et le temps file. Imperceptiblement, quelque chose se crée. Mais il est déjà l’heure de se quitter. Certains évoquent déjà la prochaine rencontre qui aura lieu dans un mois… Les petits frères des Pauvres de Montreuil espèrent organiser ces visites par quinzaine dès que possible pour un accompagnement de meilleure qualité.