Les vieux de banlieue : les oubliés des politiques publiques

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À l’occasion de la parution du recueil « Paroles de vieux de banlieue et vieux de quartier », l'association Petits Frères des Pauvres alerte sur la réalité des personnes âgées vivant dans les quartiers populaires. Alors qu'elles sont de plus en plus nombreuses dans ces territoires, elles restent largement ignorés par des politiques publiques centrées sur la jeunesse. Loin des clichés, entre habitats inadaptés, accès restreint aux services et isolement croissant, ces personnes peinent à vieillir dans la dignité.

Quand la banlieue rime (encore) avec jeunesse

Dans l’imaginaire collectif, les quartiers populaires sont d’abord associés aux jeunes : actions de formation, politique de la ville axée sur la jeunesse, espaces sportifs et culturels à destination des enfants et adolescents. Pourtant, la réalité démographique montre une évolution marquée : depuis les années 1990, la population des plus de 60 ans est la seule à progresser dans les Quartiers Prioritaires de la Politique de la Ville (QPV). Malgré ce fait, l’essentiel des initiatives continue de cibler les jeunes : en 2016, sur 29 220 actions financées dans le cadre des contrats de ville, seules 2 % ont concerné directement les personnes âgées.

Des conditions de vie de plus en plus difficiles

Pourtant, ces aînés rencontrent des problématiques spécifiques. D’après une étude du Crédoc (2022), 69 % d’entre eux se disent insatisfaits de leurs conditions de logement, contre 7 % au niveau national. Ils expriment souvent le souhait de demeurer chez eux pour préserver un nécessaire sentiment d’autonomie, mais la configuration du bâti et la dégradation des espaces communs les pénalisent.

Les trottoirs sont abîmés, je suis obligée de passer sur la route car je ne peux me déplacer qu’en fauteuil roulant.

Camille, 57 ans

Il n’y a pas suffisamment de commerces à proximité. Tout a fermé. Avant, il y avait une librairie, un coiffeur, un bureau de poste.

Christiane, 91 ans

Ce manque de services de proximité limite la capacité de ces personnes âgées à satisfaire leurs besoins quotidiens. Les transports demeurent aussi inadaptés :

Les bus ne sont pas adaptés aux personnes âgées, c’est compliqué pour descendre.

Chantal, 73 ans

La perte d’autonomie : un facteur aggravant de l’isolement social

À ces entraves matérielles s’ajoute la perte d’autonomie, courante au grand âge et souvent mal appréhendée par les acteurs locaux (même si les bailleurs sociaux commencent à prendre conscience du changement démographique en cours dans leurs ensembles locatifs). Sans ascenseur, une personne à mobilité réduite peut vite devenir prisonnière de son appartement, ne disposant parfois que d’un balcon ou d’une fenêtre pour garder un lien avec l’extérieur. Et faute d’information, certains ignorent même les rares dispositifs censés les soutenir :

Je ne suis au courant de rien, je ne connais rien des aides de la ville.

Marie-France, 75 ans

Ainsi, de multiples obstacles (désert médical, difficultés de déplacement, habitat et infrastructures non adaptés) se conjuguent pour accroître l’isolement de personnes déjà fragilisées sur le plan de la santé et des ressources financières.

Vers une prise de conscience nécessaire

Ces témoignages et notre enquête montrent que la banlieue ne se résume pas à la vision parfois caricaturale qu’en donne le paysage médiatique. Les Petits Frères des Pauvres alertent sur l’urgence de repenser la ville, sa banlieue et ses quartiers prioritaires en intégrant les besoins des aînés :

  • Adapter les logements et l’espace public.
  • Développer une offre de services de proximité, notamment pour l’accès aux soins.
  • Informer et accompagner les personnes âgées dans leurs démarches de demande d’aide, automatiser les attributions.
  • Mieux former les bailleurs sociaux et les acteurs municipaux aux enjeux du grand âge (isolement, précarité, perte d’autonomie etc).
Paroles de vieux de banlieue et vieux de quartier

Découvrez l’ensemble des témoignages et des préconisations des Petits Frères des Pauvres. Vous y trouverez notre enquête qualitative menée sur 137 personnes âgées de 52 à 100 ans, habitant en France métropolitaine, Guadeloupe et Martinique. Je découvre.

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