6 %. C’est la présence accordée aux personnes de 65 ans et plus à la télévision, selon le baromètre de la diversité de la société française publié en septembre 2020 par le CSA. Et pourtant, elles représentent près de 21 % de la population française…
Du côté des journaux papier, d’Internet ou de la radio, le constat n’est pas meilleur… Et lorsqu’on parle des personnes âgées, la thématique est abordée de façon partiale, souvent péjorative pour nos aînés ou alors, ils n’y prennent pas directement la parole.
C’est pourquoi pour les Petits Frères des Pauvres il est important de faire davantage émerger la parole des personnes âgées dans les médias. À travers elles, « nous souhaitons réinterroger l’image que la société réserve à la vieillesse et à remettre en cause les discriminations dont elles font l’objet. », expliquait Alain Villez, président des Petits Frères des Pauvres, lors de notre Congrès sur le thème de la Fraternité Militante (2021).
Les personnes âgées, cataloguées par les médias ?
Une position partagée par certains de nos aînés eux-mêmes, qui regrettent d’être catalogués par les médias. Yolande, 93 ans, témoigne de sa colère d’avoir été infantilisée, comme toutes les personnes âgées, pendant cette crise du Covid-19 : « Je suis en colère après tout ce que j’entends à l’extérieur. À la télévision, à la radio, tout ce qu’on dit sur les personnes âgées. Je suis en colère parce que j’ai l’impression que les personnes âgées, on les considère comme des personnes vulnérables. (…) Je considère les personnes âgées comme des personnes à part entière. Je trouve que les personnes âgées sont infantilisées. Je n’aime pas qu’on me mette dans des catégories. »
Je trouve que les personnes âgées sont infantilisées.
Du côté des journalistes, il n’est pas toujours facile de mettre en valeur la parole des personnes âgées au sein de leurs supports. De nombreux obstacles peuvent se dresser sur leur route : « Ce qui est difficile pour nous, journalistes, c’est de toucher ces personnes âgées. Donc parfois, nous sommes nous-mêmes censeurs et nous avons des freins du type : « on ne va pas trouver de personne âgée, ce n’est pas la peine », « elles ne savent pas toujours s’exprimer correctement », « elles ne vont pas nous répondre« … Il y a aussi le fait que nous, dans les médias, nous sommes dans la rapidité, et ce temps-là n’est pas le temps des personnes âgées. », dévoile Sophie Accarias, journaliste pour France 3 PACA.
Faire émerger la parole des aînés dans les médias
Pour autant, les journalistes qui travaillent avec les Petits Frères des Pauvres en sont autant convaincus que nous : la parole des personnes âgées doit pouvoir être portée dans les médias.
Récemment, le mensuel Le Ravi, diffusé en Provence-Alpes-Côte d’Azur a décidé de consacrer son supplément du numéro de janvier 2022 à l’isolement des personnes âgées. Pour le réaliser, 12 ateliers de journalisme participatif ont réuni 18 participants (dont 6 résidents de notre pension de famille Labadié à Marseille et 4 personnes accompagnées par les équipes de la Seyne-sur-Mer et de Marseille). « Au Ravi, nous avons toute une partie de l’activité qui tourne autour de l’éducation populaire : nous avons donc des projets avec des populations plutôt précaires, que l’on entend peu. L’idée de travailler avec les Petits Frères des Pauvres a fait son chemin et avec la crise, cela a pris un peu de temps. Mais nous avions en tête de donner la parole aux personnes âgées ! », relate Jean-François Poupelin, responsable du projet journalisme participatif du Ravi.
Il y a une nécessité de faire parler ces personnes.
Après ces semaines d’ateliers en compagnie des personnes accompagnées, pour lui, c’est évident : la parole des aînés vaut la peine d’être racontée dans les médias ! « Effectivement, il y a une nécessité de faire parler ces personnes. Que ce soient les personnes âgées accompagnées par les Petits Frères des Pauvres ou d’autres. Arrêtons de parler à leur place et donnons-leur la parole, qu’on les entende ! D’une part, parce qu’elles ont des vies, des choses à nous apprendre et d’autre part, parce que c’est important de les écouter. »
Sophie Accarias, journaliste pour France 3 PACA, qui collabore régulièrement avec les Petits Frères des Pauvres, acquiesce : « Les personnes âgées ont des histoires de vie à nous raconter. Forcément, comme elles ont des vies plus longues que la plupart des gens, il y a toujours des histoires formidables ! Vous êtes une mine de portraits ! C’est ça qui est intéressant, des portraits de vrais gens qui ont vécu. ».
En collaboration avec les Petits Frères des Pauvres de Bordeaux (33), la webradio tooBordo organise aussi des ateliers radio hebdomadaires avec des personnes accompagnées par nos équipes : Radio Frat’, la voix de nos aîné.e.s est à retrouver sur leur site.
Chez les Petits Frères des Pauvres, dans le cadre de notre mission sociale « Témoigner-Alerter », nous mettons tout en œuvre pour permettre aux personnes âgées qui le souhaitent de prendre la parole dans l’espace public. Dans les médias, sur notre site Internet, nos réseaux sociaux ou encore dans nos rapports sur la solitude et l’isolement, leurs témoignages relatent leur quotidien, leur solitude parfois mais aussi leur joie de vivre retrouvée grâce aux bénévoles.
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