Y a-t-il des personnes plus susceptibles que d’autres d’être isolées ? Peut-on prédire l’isolement d’un Français ? Existe-t-il des facteurs de risque ? Autant de questions auxquelles la 2e édition de notre baromètre « Solitude et isolement quand on a plus de 60 ans en France en 2021 » sortie ce 30 septembre 2021 réalisée en collaboration avec l’Institut CSA Research s’efforce de répondre.
La solitude, un mal qui touche davantage les femmes âgées et précaires…
Tout d’abord, il apparaît qu’en 2021, 2,5 millions de personnes âgées se sentent seules tous les jours ou souvent. Un chiffre en augmentation de 14 % par rapport à 2017 où 11 % des aînés étaient concernés. Et cette solitude touche davantage certains profils : les femmes, les personnes du grand âge, vivant seules, isolées des cercles de sociabilité.
La crise, un facteur déclenchant de solitude…
Cependant ce profil un peu type qu’on retrouvait dès 2017 a été bousculé par la crise sanitaire. En effet, la pandémie a eu un impact extrêmement fort sur la solitude des personnes âgées puisqu’elles sont 53 % à identifier la crise sanitaire comme l’élément déclencheur de leur sentiment de solitude. Et finalement, les plus affectées sont celles appartenant aux tranches d’âge les plus jeunes ! 65 % des 60-64 ans se sentent seuls depuis le début de la crise, 60 % pour les 65-69 ans, 58 % pour les 70-74 ans (vs 34 % pour les 85 ans et plus).
Avoir des bons revenus n’a pas non plus protégé de la solitude… Elle s’est fait plus ressentir pour les personnes aux revenus supérieurs à 3 000 € (65 %), et les personnes autonomes (57 %).
Enfin, la solitude touche aussi les couples puisqu’ils sont 70 % à avoir ressenti de la solitude depuis le début de la crise sanitaire vs 43 % pour les personnes vivant seules.
Toutefois, n’oublions pas que la solitude des personnes âgées est bien antérieure à la crise sanitaire : 30 % ressentent de la solitude depuis quelques années, 13 % depuis de longues années et 4 % depuis toujours.
Des évènements tragiques qui surviennent au cours de la vie
Mais au-delà des facteurs socio-démographiques, y a-t-il d’autres facteurs qui mènent à l’isolement ? Pour le savoir, nous avons mené des entretiens qualitatifs auprès d’une vingtaine de personnes âgées qui ont permis de révéler des parcours communs… Tous évoquent un évènement tragique qui a bouleversé leur vie et mené, plus ou moins consciemment, à une situation d’isolement aujourd’hui. 5 types d’évènements apparaissent dans ces parcours : la perte d’un conjoint, une séparation, une maladie grave, un abandon ou encore un accident.
« Vous voulez faire quelque chose, prendre le café du matin, il n’est pas pris de la même manière. Vous voulez aller faire quelques courses, ce n’est pas fait de la même manière. Donc il y a beaucoup de faits, beaucoup de gestes, même le toucher qui vous rappellent que vous êtes seule. », observe tristement Josiane, 72 ans.
Différents profils d’acceptation de la solitude…
L’étude a aussi permis d’élaborer 3 profils d’acceptation de la solitude et de l’isolement selon leur degré de résilience : les solitaires, les esseulés, les abandonnés.
« Là j’en suis arrivée à faire couper un trou dans ma haie pour voir les gens qui passent de l’autre côté. Quand il y a des gens qui passent, je suis contente. Ce n’est pas pour espionner, c’est pour voir des gens. », Denise, 81 ans.
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