Evaluer systématiquement les solutions technologiques en fonction des besoins et attentes réels des aînés
Comme le précise le rapport Innovations numériques et technologiques dans les établissements et services pour personnes âgées de juillet 2019 : « les promoteurs de la plupart des nombreuses jeunes Pousses de la Silver économie n’ont que très peu de connaissances du secteur et des enjeux du grand âge, d’où un certain malentendu avec les utilisateurs ». Seule une évaluation réelle des solutions permettra de déterminer celles qui répondent à un besoin objectif des personnes avançant en âge et permettra de ne plus développer tous azimuts des produits et gadgets élaborés à partir d’une « idée de ce qu’est une personne âgée » ou de créer des innovations permettant de rassurer les proches.
Catégoriser clairement les différentes technologies
Nous proposons qu’une distinction soit opérée entre :
- les outils qui servent à l’aide au quotidien pour lesquels des cahiers des charges et l’attribution de labels (avec évaluation) peuvent être mis en place afin de permettre à l’économie de la longévité d’être celles des entrepreneurs sociaux, soucieux du bien commun.
- Les innovations avec une visée thérapeutique qui doit être démontrée et encadrée par des protocoles précis.
Mettre un terme au risque de confusion humain/machine
Nous demandons à ce que des mécanismes simples puissent être mis en place pour que la personne sache systématiquement qu’elle est en présence d’une intelligence artificielle : les robots doivent être présentés comme tels, éviter de leur donner une voix humaine, mettre en évidence un bouton qui permette facilement aux personnes de les éteindre. A cet égard, nous souscrivons aux principes et conseils de bon sens qui sont inscrits dans la charte éthique de l’institut des relations hommes-robots créée par Serge Tisseron.
- Améliorer l’accès aux informations sur les outils et clarifier l’utilisation des données personnelles pour favoriser le consentement éclairé de la personne
L’ensemble des informations (tant sur le fonctionnement que sur le recueil des données personnelles, le transfert de ces données) doit être formulé dans un langage clair, précis et accessible afin de rendre effective cette information (exemple : méthode FALC). Le cahier des charges précité devrait détailler l’objet du recueil de données, les personnes à qui ces données sont transmises et à quelles fins.
Faire évoluer les pratiques professionnelles
Il est impératif qu’un travail en profondeur sur les pratiques professionnelles, à domicile et en EHPAD soit mené pour permettre de transformer le regard et les manières de faire auprès des ainés. Ce changement de postures est un long chemin qui peut être accompagné par de la formation, des analyses de la pratique, des temps de prise de recul (cf. les préconisations de Denis Piveteau et Alice Casagrande dans le dernier rapport de la commission pour la Bientraitance et contre la maltraitance du HCFEA et du CNCPH).
Systématiser les formations à l’éthique et à la connaissance des publics dans tous les cursus de formation et d’ingénierie
Des sensibilisations aux questions du grand âge associées à une forme de réflexion éthique sont indispensables si l’on souhaite que ces innovations se développent de façon consciente et respectueuse des personnes âgées utilisatrices.
Instaurer un comité éthique au sein de la filière Silver Economie
Ce comité qui regroupera des acteurs de la filière mais aussi des organismes non lucratifs aura vocation à apporter un regard éthique sur les avancées technologiques, définira les cahiers des charges à destination des porteurs de projets ainsi qu’un label agréant les innovations technologiques y répondant.