Il y a 3 ans, lorsque les Petits Frères des Pauvres de Marseille (13) sont contactés par des assistances sociales, Alice, n’allait pas bien du tout. « Nous l’avons trouvée à un moment où elle ne marchait pas, elle était grabataire après avoir subi de lourdes opérations. Elle vivait dans une cité assez rude, repliée sur elle-même, les volets fermés… On a découvert une dame qui souffrait énormément de solitude et qui portait un lourd destin. C’était une lente ascension. », décrit Yves, bénévole.
L’équipe met alors en place un soutien régulier composé d’appels téléphoniques, de visites, d’aide aux démarches administratives et l’invite aussi à des sorties. « Plusieurs jeunes bénévoles se sont relayés à ses côtés notamment une, Margot, avec qui le courant est bien passé. Elle l’a notamment emmenée manger une glace au bord de la mer. Elle lui a redonné un élan de vie ! », explique le bénévole.
Grâce au soutien des Petits Frères des Pauvres, l’état d’Alice s’améliore. « Elle a relevé la tête après une période où sa constitution physique faisait craindre le pire car elle est restée près d’un an et demi allongée. Finalement, elle est guérie et elle a retrouvé vitalité physique et goût de vivre. », remarque-t-il.
Une proposition de rêve : aller vivre à Tahiti à 89 ans
Au début de l’année 2021, alors qu’Alice se sent mieux, une proposition vient bouleverser son quotidien : son fils adoptif qu’elle a régulièrement au téléphone mais qui vit à Tahiti lui propose de venir s’installer à ses côtés. Alice accepte immédiatement : « C’était un rêve pour elle, car elle a vécu de longues années en Nouvelle-Calédonie et à Tahiti. Elle rêvait donc de pouvoir un jour repartir chez elle… », sourit Monique, bénévole.
En quelques mois, tout est organisé : la vente de l’appartement d’Alice, les formalités du voyage… Quelques jours avant le départ, le frère d’Alice organise une fête à laquelle les Petits Frères des Pauvres sont conviés. « Nous étions 4 bénévoles qui nous sommes tous occupés d’elle à un degré ou un autre. Cette fête était animée par la famille tahitienne, avec un folklore et une grande humanité, une émotion. La femme du fils adoptif a notamment entonné une chanson qui signifiait qu’elle l’accueillait dans sa famille, c’était très touchant. », racontent Yves et Monique.
Pour Alice, « c’était une soirée chargée d’émotions. », note Yves. Il ajoute : « Alice et sa famille d’accueil ont ancré leurs vies dans une foi profonde, ce qui pour eux a été déterminant dans cette aventure. »
Elle a été complètement transformée par cette proposition.
Le grand départ prévu ce 12 août jusqu’à Tahiti n’effraie pas notre aînée pour qui ce projet de vie s’est imposé très facilement. À 89 ans, tout quitter pour partir à l’autre bout du monde la réjouit au plus haut point ! « Elle a été complètement transformée par cette proposition. Elle allait déjà mieux mais là c’est un épanouissement complet, c’est une nouvelle vie pour elle. C’est un nouveau projet de vie. », estime Yves.
Du côté des bénévoles, l’émotion domine de voir le changement opéré en 3 ans : « C’est une situation exceptionnelle, qui se termine positivement. Son cas est inspirant : l’idée, c’est d’accompagner selon le projet des personnes. Et à 89 ans, on continue d’avoir des projets ! Elle était complètement différente quand nous l’avons rencontrée d’où l’émerveillement de voir ce qui s’est passé. »
Pour les Petits Frères des Pauvres, l’histoire d’Alice montre bien que la solitude n’est pas forcément définitive et surtout qu’on peut continuer à faire des projets à tout âge !
Malgré la distance, l’équipe prévoit de continuer à communiquer avec Alice : « Un fil sera tenu. Nous avons convenu de faire des visio régulièrement. Ce n’est plus un lien seulement avec elle, c’est un lien avec toute une famille maintenant… », se réjouit notre bénévole.
À LIRE AUSSI :