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Quand je discute avec une personne qui ne vous laisse pas sortir de chez elle, je suis comblé ; je me dis au moins je ne me suis pas tourné les pouces ! Et il suffit juste de savoir écouter pour que la personne reprenne vie, souvent.

Reda LOUNIS, bénévole d’accompagnement. «Je connais les petits frères depuis que j’ai commencé à apprendre à lire en Algérie. Mais je ne sais pas ce qui m’a touché le plus alors : est-ce que c’est «petits», «frères» ou «pauvres» Je n’ai toujours pas répondu à la question !». Campinois, la cinquantaine juvénile, Reda Lounis apprécie d’avoir rejoint l’association même s’il a dû faire preuve de ténacité : il prend contact avec les petits frères sur un stand, lors d’une brocante à Saint-Maur (Val-de-Marne), mais l’antenne de Champigny, son lieu de résidence, est encore dans les limbes. On le renvoie à la mairie : «Comme ce n’est pas ma tasse de thé, j’ai laissé tomber. Jusqu’au jour où j’ai ouvert Champigny votre ville, j’ai vu qu’une action démarrait dans la Zus [zone urbaine sensible] et qu’ils cherchaient des bénévoles…».Depuis, Reda Lounis franchit très souvent la porte du local des petits frères, 70, rue Albert-Thomas, à quelques encablures de la Maison de la justice et du droit. Il fait partie des vingt-cinq bénévoles qui se démènent pour repérer des personnes âgées très isolées et mettre en place un voisinage relationnel, dans un de ces «quartiers sensibles», stigmatisés pour leur paupérisation : le voisinage spatial se délite et la cohésion sociale s’effrite : «J’ai un contrat d’engagement moral: servir les personnes âgées.».La Zus des Mordacs à Champigny fait partie des deux lieux «expérimentaux» où démarrait en 2005 cette action pilote en Île-de-France, sous l’impulsion de la Fraternité Banlieue.Les Mordacs est un quartier éloigné du centre-ville qui abrite quelque 1600 logements sociaux où vivent 5500 habitants sur les 75000, (dont près de 880 personnes de plus de 60 ans) que compte la petite ville des bords de Marne. La plus grande tour se dresse sur quinze étages, mais la plupart des immeubles ont de quatre à huit étages. «Cette Zus n’est pas aussi terrible qu’on le dit, affirme Reda, vantant les commerces de proximité qui subsistent, le centre commercial au pied des immeubles en pleine restructuration. Et le bénévole sait de quoi il parle, puisqu’il y habite. Arrivé à Champigny en 1976, il est établi depuis six ans aux Mordacs. «Sincèrement, c’est un très beau quartier: j’occupe un F3 de 73 m2avec des baies vitrées et la construction n’est pas en papier mâché!»Il n’empêche : le quartier est «enclavé» et le taux de chômage «dépasse les normes». «Il doit y avoir beaucoup de personnes dans le besoin, mais elles se cachent. Je crois que les gens ont honte, analyse-t-il. Ils ne veulent pas que le voisin découvre leur solitude, même celui-ci peut souffrir de la même maladie…». Reda Lounis peaufine un projet de création d’entreprise de peinture. Il a un peu de temps libre : «J’essaie de me rendre utile», dit-il sobrement.Quant aux personnes âgées, c’est bien simple : il vient d’un pays «où l’on a beaucoup de respect pour les vieilles personnes» ; aussi l’indignation affleure dans sa voix, lorsqu’il dresse le constat de relégation des «vieilles personnes» : «C’est anormal que des personnes qui ont travaillé toute leur vie se retrouvent dans des situations pareilles! Ce qui m’a bouleversé, c’est d’en voir certaines qui vivent dans des pavillons et ne chauffent qu’une seule pièce parce qu’elles ne peuvent pas payer le fuel.». Se faire connaître Aux Mordacs, l’action a démarré en octobre 2005, en partenariat avec une équipe de jeunes volontaires d’Unis-Cité. Il s’agissait dans un premier temps de faire connaître l’association en déposant des tracts dans les boîtes aux lettres, en assistant aux réunions associatives, en prenant contact avec les commerçants… L’objectif étant de récolter des «signalements» de personnes très isolées qui ne sont pas répertoriées par les services sociaux de la ville. Reda a fait équipe avec Jesus, un jeune volontaire d’origine espagnole, pour mener l’enquête dans une barre d’immeubles. «Notre rôle est de se faire connaître et faire connaître les actions que nous menons sans aucune discrimination», affirme-t-il, ajoutant: «c’est plutôt le bouche à oreille qui doit marcher, quoi qu’il y ait eu un affichage dans les halls d’immeubles et chez les commerçants.». «Il y a une réelle solitude et un réel besoin de dialogue, précise-t-il, parce que ces personnes sont enfermées dans leurs douleurs.». Six personnes sont accompagnées aux Mordacs, «une petite goutte d’eau», même en comptabilisant trois «nouveaux»vivant dans les deux autres Zus de Champigny. Mais le travail de prospection a porté ses fruits puisque l’Amicale des locataires des Mordacs délègue une bénévole pour repérer les personnes isolées et les signaler à l’équipe de Champigny. L’action démarre en douceur : un repas de Noël dans un restaurant des bords de Marne, la Fête des rois à l’Abbaye, la maison de retraite inter-générationnelle de Saint-Maur, et des déjeuners réguliers au restaurant associatif des petits frères, rue Chanoinesse à Paris… Reda Lounis a apprécié de jouer les chauffeurs et d’être témoin de la joie des trois convives, dont c’était la première sortie, le 7 avril dernier : «J’ai eu des échos tout au long du repas, le bouquet de fleurs à l’entrée, la gentillesse des personnes, le service, tout, tout, tout. Et une chose revient à tout le temps : “Vraiment c’est gratuit ”». Reda avoue une certaine admiration pour Mme H. : «C’est une personne de 94 ans, très coquette, bon pied bon œil, qui vous explique la conversion de l’euro, qui ne parle plus jamais en francs… Voir quelqu’un comme elle, ça me donne du courage pour avancer et ne jamais baisser les bras…».

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Audrey Achekian
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