Ce n’est pas sans émotion que je voudrais vous parler de Régis, décédé il y a deux mois des suites de son opération. Il avait 56 ans. Jeune, certes, l’esprit alerte, oui, mais dans un corps de vieillard.
Incarcéré depuis deux ans, il n’avait pas encore été jugé. Gravement malade, les poumons, le foie, le cœur… Sans soutien, sans famille, sans parloir, sans promenade. Sans…
Je le revois encore, peinant, dans le couloir, avec son déambulateur pour revenir de la douche. Couché la journée durant dans son lit, avec la télévision pour seule compagnie, il n’était qu’attente. Tellement impatient. De sa fin.
Des angoisses à confier
Nous nous sommes rencontrés en juillet dernier, au plus fort de sa maladie, de son anxiété. Il était très angoissé à l’idée de mourir à Fresnes, loin de sa Bretagne tant aimée. Angoissé de ne pas savoir ce que deviendrait son corps après… Angoissé à l’idée qu’on ne respecte pas ses dernières volontés, de n’avoir personne à qui se fier, sur qui compter. Se vider. Se libérer. Sa tutrice à Rennes ? « Hmm, je ne l’ai vue que dix minutes !« . Peur que même sa dépouille ne soit pas libérable et finisse dans quelque fosse commune, ne soit pas libérée au vent breton.
Alors, pour qu’il soit en paix, parce que nous savions que la fin était proche, j’avais accepté d’être sa petite personne de confiance. Pour veiller au respect de ses dernières volontés. Pour veiller sur son corps. Pour lui offrir, sur le tard, un peu de sérénité.
Et puis l’appel du médecin de l’UHSI, un mercredi d’automne, pour m’informer de sa fin. Et le refus de l’administration pour que je vienne veiller son corps, pour le voir une dernière fois, lui dire tout simplement au revoir.
Delphine, bénévole accompagnement des malades, février 2013, témoignage pour la cérémonie des Morts de la rue et de la prison.