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Jacques : pour eux, c’était un rêve inimaginable qui se réalisait

Jacques raconte sa rencontre avec Armand Marquiset. © Petits Frères des Pauvres
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Jacques, aujourd'hui bénévole de l'équipe de Montpellier, se souvient de sa rencontre avec les Petits Frères des Pauvres il y a 50 ans...

En 1954, j’avais 12 ans. Nous habitions à Paris. Ma mère avait une amie qui était « auxiliaire » chez les Petits Frères des Pauvres. Au début, il y avait les « permanents et les auxiliaires ». Un jour, maman me dit : « Viens avec moi, on va aller à une réunion d’information organisée par les Petits Frères des Pauvres. » J’étais content, et on y est allé. 

La rencontre avec Armand Marquiset

C’était dans une grande salle immense, peut être comme le cinéma Odéon, ou la salle Pleyel, je ne me souviens plus du nom, mais c’était très grand. Il y avait là une foule énorme, et c’était plein. Il y avait un grand monsieur, très élégant, qui accueillait le public. Je ne savais pas du tout qui il était, mais longtemps après, j’ai su que c’était Armand Marquiset. Il nous a expliqué ce qu’était « les Petits Frères des Pauvres », qu’il avait fondé. Il nous a passé un film extraordinaire, dans lequel on voyait des hommes, jeunes en majorité, qui offraient des vacances à des personnes âgées, pauvres, dans le château d’Achy

Des hommes pleins de bonté, d’attentions, de prévenance envers ces gens qui n’étaient jamais sortis de leur taudis, qui n’avaient jamais eu de vacances, ni de loisirs. Ils sortaient de la guerre : plus de travail, plus de logement. Les hommes, et les fils étaient morts à la guerre. Ils dormaient dans la rue ou dans des cages d’escaliers. Ils n’avaient plus de but dans la vie, plus d’espoir, ils avaient faim et froid.  Et là, dans ce château, c’était le paradis pour eux. Ils avaient une chambre, une salle de bain pour se laver, des repas servis par les Petits Frères. Ils n’avaient plus froid, ni faim, ils étaient servis, choyés, aimés. Les Petits Frères étaient aux petits soins pour tous leurs désirs. C’était la fête tous les jours et tous les soirs. Ils chantaient ; ils dansaient. Pour eux c’était un rêve inimaginable qui se réalisait. On racontait aussi l’épisode merveilleux de la bague de diamant. Il y avait des balades dans le parc du château, et le groupe des Petits Frères qui les entouraient le faisait avec amour. Moi, j’étais émerveillé en regardant ça.

J’étais très ému de voir cette abondance d’amour donné par les Petits Frères envers ces gens qui n’avaient rien.

Ils rencontraient enfin des gens qui les considéraient, qui leur parlaient, qui prenaient soin d’eux, qui leur apportaient un peu de joie, un peu d’espoir, et beaucoup d’amour. C’était le château du bonheur. Et moi, j’étais passionné par l’œuvre de cet homme qui avait fondé cette association. Je me disais « c’est merveilleux de pouvoir réaliser ce rêve de venir en aide aux plus pauvres ». Plus j’y pensais, plus c’était une certitude « c’est ça que je veux faire quand je serai grand ». J’étais trop jeune, je ne pouvais pas rentrer comme permanent, ou comme auxiliaire chez « les Petits Frères ».

Ça a été à ce moment-là comme une vocation.

Je suis rentré à la maison tout abasourdi, et tout émerveillé de ce que je venais de voir. Ma mère continuait d’avoir des contacts avec les auxiliaires ; moi, je pensais tout le temps à ce film. Les années ont passé. J’ai eu dix-huit ans, vingt ans, je faisais du scoutisme. J’étais routier, notre troupe aidait les Petits Frères à aller porter les repas à domicile chez les pauvres. Au début, on disait « les pauvres », après « les vieux », après on a dit « les personnes âgées ou les personnes accompagnées ».

A Noël, on faisait le dîner de Noël à la « soupe populaire » de Marseille, parce qu’en 1962, nous étions à Marseille. On préparait la salle, la décoration des tables, on préparait le repas du soir, on servait, on faisait la vaisselle. Il y avait beaucoup de monde, et les gens invités étaient heureux ; ils riaient, ils chantaient, c’était une fête inoubliable pour eux. Ils vivaient le bonheur, ils étaient en confiance, ils se sentaient aimés. Ils parlaient entre eux, et faisaient des connaissances. Ils n’étaient plus seuls.

Bénévole chez les « Petits Frères »

Et puis, j’ai commencé à travailler. J’ai fait l’école de la marine marchande et j’ai été embarqué. A partir de de ce moment-là, j’ai navigué et j’étais à l’étranger. Je pensais toujours aux « Petits Frères ». Mais je ne pouvais pas y entrer car j’étais très peu en France. Je me suis marié, j’ai changé de travail. Mais mon nouveau travail était sur des chantiers de construction à l’étranger ; donc je ne pouvais toujours pas rentrer chez les « Petits Frères ». Je me disais « quand je serai à la retraite, je serai auxiliaire chez les « Petits Frères. »

Et effectivement, le jour de ma retraite, en 2003, j’ai couru chez les « Petits Frères » de Toulouse, car à ce moment-là, j’habitais Toulouse. En rentrant dans le local de la fraternité locale, j’ai vu sur le mur le portrait d’un homme. Je me disais, « j’ai déjà vu ce visage quelque part ». Après avoir réfléchi longtemps, je me suis rappelé que je l’avais vu à Paris le jour de la réunion d’information sur les « Petits Frères ». C’était Armand Marquiset, son nom était écrit sur le portrait. Quand j’avais 12 ans, je ne savais pas son nom, je ne savais pas qui il était, et là, je découvrais que c’était lui qui avait fondé les Petits Frères des pauvres. J’étais heureux comme tout de savoir que je l’avais vu 50 ans plus tôt.

Je suis resté à la fraternité de Toulouse jusqu’en 2010. Ensuite, je suis allé à Nîmes et suis devenu bénévole de l’équipe de la ville jusqu’en 2017. Maintenant je suis bénévole dans l’équipe de Montpellier et suis toujours émerveillé et fier de l’œuvre qu’a fondé Armand Marquiset.    

 

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Audrey Achekian
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