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Le plus difficile est de faire oublier la solitude aux personnes âgées

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De toutes les générations, les plus de 75 ans sont les plus touchés par la solitude. Une personne âgée sur quatre vit seule, et ce chiffre ne fait qu'augmenter. Les auxiliaires de vie, telle notre contributrice Sophie, en sont quotidiennement témoins. Récit.

En tant qu’auxiliaires de vie sociale (AVS), nous devons accompagner les personnes âgées ou handicapées dans les gestes de la vie quotidienne qu’elles n’arrivent plus à accomplir. Si ces gestes sont pour nous évidents, ils deviennent, passé un certain âge, difficiles voire impossible à réaliser seul. Se lever de son lit, préparer ses repas, aller aux toilettes, faire ses courses, effectuer les démarches administratives… A peu près tout est plus compliqué. Ma mission consiste principalement à accompagner les personnes seules, à leur tenir compagnie.Auquotidien, il s’agit de discuter avec elles, de les accompagner dans les activités qu’elles apprécient comme sortir se promener quand les conditions physiques le permettent… Tout ce qui peut maintenir le lien social de ces hommes et femmes. Ne pas s’attacherLes liens que l’on tisse sont le socle de notre travail. Les rapports humains ne doivent être que bons, c’est en tout cas ce qu’on doit laisser paraître. Une bonne auxiliaire de vie doit être sociable et s’adapter aux différentes personnalités qu’elle rencontre. Il ne faut pas oublier que ces gens sont des clients qui peuvent partir. Et comme dans tout entreprise, le client est roi. Un détail que les responsables ne manquent d’ailleurs pas de nous rappeler régulièrement. Heureusement, dans la plupart des cas, je rencontre des individus formidables. Appréciée par mes patients (comme la plupart de mes collègues), je me dois de prendre assez de recul pour ne pas m’attacher, ce qui est bien sûr impossible lorsque l’on côtoie deux à trois heures par jour une personne attachante.  Le temps de présence de l’AVS est décidé en fonction du degré d’autonomie du patient, mais aussi de l’investissement personnel des membres de sa famille. Dans certains cas, le patient est affaibli par l’âge mais n’est pas seul au quotidien: je n’interviens alors que pour des choses pratiques (la toilette, les déplacements…). Parfois, au contraire, il est encore un peu autonome, mais seul, notamment lorsque le conjoint est décédé et que les enfants vivent loin ou ne viennent plus. Je dois alors faire oublier la solitude, ne serait-ce qu’un court instant. Cette tâche est surement la principale difficulté de ce métier dans lequel le temps qui nous est donné est minutieusement chronométré: il ne faut pas faire attendre le client suivant. Une bulle d’air dans la journée de l’usagerSur un plan psychologique, il faut apporter du réconfort, une sorte de bulle d’air dans la journée de ces personnes âgéesqui restentenfermées chez elles, incapables de sortir sans aide. Mais notre seule présence ne suffit évidemment pas à briser la solitude. Imaginez-vous coincé dans un appartement sans personne pour vous rendre visite. Combien de temps faudra-t-il avant que votre moral ne baisse? La solitude peut causer beaucoup de dégâts. C’est d’autant plus vrai lorsque l’on est affaibli, malade ou en deuil. Il faut beaucoup d’empathie pour exercer ce métier. Après quelques mois d’exercice, j’ai pour ma part déchanté. J’ai rencontré des familles de patients (car il y a tout de même des gens aux petits soins pour leurs parents ou grands-parents) et j’ai vu, dans d’autres cas, un délaissement complet. J’ai d’abord jugé, puis je me suis ravisée. Il ne faut pas toujours prendre les propos de l’usager vis-à-vis de sa famille comme parole d’évangile. En état de grande souffrance physique et morale, certains exagèrent et oublient les raisons pour lesquelles leurs enfants ne viennent pas plus régulièrement.  On cache ce qu’on ne veut pas voirUn après-midi, après avoir effectué des soins chez une dame d’un peu plus de 70 ans, ma voiture est tombée en panne. J’ai appelé ma mère pour qu’elle vienne me récupérer sur place. La dame nous a invité à boire un verre. Nous sommes restées chez elle une bonne demi-heure. A plusieurs reprises, la dame a demandé à ma mère de venir la voir, juste pour lui tenir compagnie. Elle a retardé notre départ au maximum, en se plaignant de son fils qui ne venait jamais et de la solitude qu’elle éprouvait. Sur la pas de la porte, elle a réitéré sa demande et a dit: Ne me mentez pas, comme tous les autres qui promettent et ne le font pas. Et ma mère l’a fait. Nous devons absolument changer la perception que nous avons de la vieillesse et remettre en question cette vision de la société selon laquelle jeunesse, beauté et compétences physiques sont ce qu’il y a de plus importants. Ceux qui ne correspondent pas à ces critères sont mis de côté, à l’abri des regards. Les villages pour personnes âgées apparaissent comme une solution depuis quelques années. Mais ils représentent selon moi un système pernicieux car on cherche là encore à cacher ce qu’on ne veut pas voir. C’est une manière de se déculpabiliser. La vieillesse fait peur, alors on met des oeillères pour ne pas affronter le déclin. Malheureusement, cela ne va pas en s’arrangeant. Je ne crois pas qu’il y ait de solution miracle, c’est tout notre système de valeurs que nous devons remettre en cause. Source : L’EXPRESS –  Par Emilie Tôn

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