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Lucienne R., 81 ans, se débrouille avec sa petite pension de 829 euros mensuels

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Comme la vieille dame, beaucoup de femmes retraitées vivent dans la précarité, liée, souvent, aux à-coups des carrières féminines

Elle ne cesse de plaisanter, rajuste en souriant une mèche de cheveux gris et fait mine de s’excuser pour le désordre de son salon. La vie n’est pas facile, bien sûr, explique Lucienne R., 81 ans. J’ai souvent mal au dos et je n’en ai sans doute plus pour très longtemps mais je ne suis pas si mal que ça ! Je n’ai pas beaucoup d’argent, bien sûr, mais je n’ai jamais été habituée à la dépense, ce n’est pas dans mes habitudes. Alors je me débrouille comme je peux. Comme beaucoup de femmes de sa génération, Lucienne R., qui est à la retraite depuis plus de vingt ans, touche une petite retraite : 829 euros par mois. Une fois déduit le loyer de son logement – une chambre-salon, une petite cuisine et un balcon (340 euros) -, la mutuelle, un abonnement à la téléassistance – je tombe souvent – et l’électricité, il lui reste moins de 400 euros pour vivre. Ce n’est pas énorme mais ça me suffit, explique-t-elle. Je ne fais évidemment pas de folies. Les petites retraites sont souvent le lot des femmes : en 2004, elles percevaient une pension moyenne de 1 020 euros par mois, soit seulement 62 % de celle des hommes (1 636 euros). En raison de ces difficultés financières, les femmes représentent près des deux tiers des bénéficiaires du minimum vieillesse. Cette précarité est liée aux à-coups des carrières féminines, souvent marquées par de longues interruptions d’activité : en 2004, seulement 44% des femmes retraitées avaient validé une carrière complète, contre… 86 % des hommes. Lucienne R. fait partie des femmes qui n’ont guère choisi leur destin professionnel. A 18 ans, elle découvre avec inquiétude qu’elle est enceinte. A l’époque, on ne plaisantait pas avec ces choses-là, on a été obligés de se marier tout de suite. Il n’est alors pas question de travailler, encore moins de se lancer dans une formation : son mari est comptable, ils auront quatre enfants en dix ans. On n’avait pas la pilule, soupire-t-elle. On était jeunes, on ne pouvait pas vraiment choisir. Pendant plus de vingt ans, Lucienne R., qui n’a aucune qualification, reste à l’écart du marché du travail : bon gré, mal gré, elle s’occupe à temps plein de ses quatre enfants. Mais à 40 ans, lorsque son mari s’éloigne sans lui verser la moindre pension alimentaire, elle n’a pas le choix : cette fois, il lui faut gagner seule sa vie. Lucienne R., qui a quitté l’école à 14 ans, s’engage dans une formation de secrétariat. Quatre gosses La vieille dame se souvient encore du jour où elle a réussi ses examens. Ça me prouvait que j’étais encore capable de faire quelque chose. Quand on est resté chez soi, avec ses enfants, on a l’impression qu’on n’arrivera à rien dans le monde du travail. D’ailleurs, j’ai eu du mal à trouver un emploi : tout le monde me demandait ce que j’avais fait pendant les vingt dernières années. Je répondais toujours : quatre gosses … A la fin de sa formation, Lucienne R. trouve, à l’université Paris-Est Créteil, un poste de secrétaire où elle restera jusqu’à son départ à la retraite. Lorsqu’elle quitte la faculté, elle vient de divorcer de son second mari : à 65 ans, elle décide de rejoindre un logement-foyer pour personnes âgées de la ville de Créteil. J’ai laissé tous les meubles à mon ex-mari. Au début, il a même fallu me prêter un lit ! Mais j’étais contente d’être enfin tranquille. Seize ans plus tard, elle vit toujours dans l’un des 77 studios de la résidence Marivaux. Ce logement-foyer qui n’accueille que des personnes valides propose des repas chauds à midi, des plateaux-repas le soir et des ateliers de chant, de peinture ou de couture. Il ne dispose pas de service médical mais la responsable est joignable jour et nuit. Les résidents m’appellent pour des plombs qui sautent ou des crises d’angoisse, explique Corinne Caglini. Je suis là pour les aider. Lucienne R., qui est suivie par une bénévole des Petits frères des pauvres, sort rarement : depuis son opération de la cataracte, elle ne peut plus se promener seule. Elle se contente de descendre tous les jours dans la salle à manger du rez-de-chaussée pour le déjeuner et assiste à l’atelier peinture du lundi et à la chorale du mardi. Ça me calme, ça me distrait, je rencontre des gens. On chante Aznavour, Brel, Piaf : entre nous, on s’appelle les Mémés chanteuses ! Avec l’aimable autorisation d’Anne Chemin – article extrait du Monde – édition du 18 juin 2010

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Audrey Achekian
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