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Vincent, Yves et Eliza viennent régulièrement à Calanque. Je les connais. Ils me montrent leurs tirages : «Tu as vu celle-là comme elle est belle ?». Je retrouve un peu leur vécu, leur caractère, je vois leur vie dans leurs photos.

Denise GUIBAUDO bénévole d’accompagnement à Marseille. Si c’était une fleur, ce serait une violette: effacée, discrète, mais sa présence auprès des personnes accompagnées est vigilante et tenace… à l’image du parfum subtil de la petite fleur qui annonce le printemps. Jean et T-shirt blanc, visage bien dessiné, Denise Guibaudo, pudique, évoque à mots comptés Yves, Vincent, Elisa, Mireille et les autres qu’elle accompagne à Calanque, le local réservé à l’accueil de jour, et qui sont devenus «comme des amis». Au départ, une vocation de bénévole tient à peu de choses : beaucoup de temps devant soi, un avenir professionnel qui n’existe plus et, surtout, l’envie de venir en aide. «Dans mon parcours, j’ai rencontré des personnes qui avaient des difficultés. Et quand j’étais au chômage, à l’ANPE, je voyais des gens qui n’arrivaient pas à se dépatouiller avec leurs papiers. Au départ, c’est parti de là, j’ai eu envie d’aider ces gens-là. Et, finalement, je me suis découvert du goût pour l’animation.».En septembre 2002, Denise entre en contact avec l’association, via Marseille Bénévolat. On l’oriente vers ce qui s’appelle encore le secteur «Accueil et partage» pour «s’occuper de personnes de plus de 50 ans en précarité». «Le déclic s’est fait. Je me suis sentie tout de suite à l’aise», se souvient-elle. Du coup, Denise s’implique dans l’animation. « En fait, avoue-t-elle, j’étais venue pour aider les gens et ça m’aide, moi, personnellement!».Depuis septembre 2005, Denise est embarquée dans une aventure initiée pour le 60e anniversaire et baptisée «Décors des Corps».Une douzaine de personnes âgées, dont la moyenne d’âge est de 70 ans, participent, depuis février 2006, à un travail photographique sur le thème de leur vie au quotidien. L’atelier, qui se déroule tous les quinze jours, alterne prises de vue en extérieur et séances techniques, où l’on apprend à exercer un œil critique. « À travers l’échange autour de ces photographies, chacun définit un peu mieux sa vision du quotidien et découvre le quotidien des autres», analyse Michèle Puddu, salariée de l’implantation marseillaise. L’objectif étant, en une dizaine d’ateliers, de produire une vingtaine de tirages qui seront exposés à l’occasion du 60e anniversaire, et un carnet de route personnel où chacun y déposera photos et textes… « Certaines personnes, se souvient Denise, étaient vraiment motivées, d’autres sont arrivées en se disant : “On verra bien”. Finalement, ils y trouvent un certain intérêt. Ils se découvrent un peu eux-mêmes à travers leurs photos. Ils se sont pris au jeu, vraiment. Pendant les projections, ils regardent, ils critiquent, ils avancent…». Par goût, parce qu’elle estime qu’elle n’a pas à interférer, Denise préfère se tenir à l’écart de «l’aspect photo». Ce qui ne l’empêche pas d’écouter beaucoup, d’apprendre aussi, pendant les projections où les deux animatrices, Valérie Piot et Gaëlle Giordan, analysent «de manière constructive» les photos des apprentis photographes, d’apprécier les tirages des uns et des autres, de discuter pendant la pause, en servant le café. Grand soleil sur le Vieux-Port, ce mardi 9 mai ; et un mistral à couper le souffle. Au programme de l’atelier «prise de vue»du jour : une virée en petit train jusqu’à la «Bonne Mère», Notre-Dame-de-la-Garde, pour avoir une vue panoramique sur la ville blanche. La consigne est simple : « Vous allez imaginer que vous faites un reportage pour les habitants d’un village en plein désert : ils n’ont jamais vu la ville, ils ne connaissent pas la mer, les voitures, le béton…». Vincent, Eliza, Armand et Lucien sont déjà à pied d’œuvre, cherchant un motif, un angle de vue original. Aujourd’hui, chacun s’exerce avec un appareil numérique. Petite révision technique. Armand, 84 ans, le doyen, récapitule les diverses manipulations : « Ça, c’est le zoom, Armand, explique Valérie. Il vaut mieux que tu regardes dans le viseur en appuyant pour bien voir quand tu t’approches ou tu t’éloignes…».Munis de ces précieux conseils, « tous ces détails techniques qui font qu’on réfléchit», Armand se met en chasse : « Je vais “furer”, dit-il grand un grand sourire. “Chercher”, traduit-il, parce que les furets, ça fure!». Vu de là-haut, à 154 m au-dessus du niveau de la mer, le terrain de foot a l’air d’un drap de plage. Il aimante les supporters de l’Olympique de Marseille (OM), Mireille en tête. Denise ne quitte pas d’un pas Élisa, 65 ans, qui roucoule dans son français basique : « C’est paradis, ici. Mer et colline, c’est joli. D’un côté, colline, de l’autre mer…» Les animatrices passent de l’un à l’autre prodiguant divers conseils, expliquant ce qu’est un point de vue, comment tourner autour du sujet pour trouver la meilleure manière de l’appréhender… 16 h. On achève la descente par la rue Fort-Notre-Dame qui débouche sur le Vieux-Port. Dans le petit train, c’est l’euphorie, rires et chansons s’enchaînent. Imperturbable, Mireille exerce son œil acéré, repérant des cadrages pour une prochaine collecte d’images. «Regardez, cette vieille remise, s’exclame-t-elle, en désignant la façade décolorée d’une ancienne graineterie. Moi, j’ai l’œil!», assure-t-elle avec l’aisance d’une «pro», certaine de capter «l’instant décisif». Terminus. On décide de prendre d’assaut la terrasse du café de l’OM, pour l’exposé technique qui va clore l’atelier. Vincent a déjà pris la poudre d’escampette, vagabond à la Steinbeck, au visage buriné, qui fixe dans son objectif la ville en chantiers… Denise couve des yeux les artistes en herbe. Sourire tendre, Élisa savoure le répit face à la mer. Armand révise dans sa tête. Lucien met ses lunettes pour mieux écouter. Mireille sirote son panaché. Des lumières passent dans ses yeux bleus porcelaine. Elle récapitule les prises de vue du jour, qu’il faudra sûrement revisiter. «J’aime bien prendre mon temps», dit-elle.

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Audrey Achekian
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