25 personnes par jour se suicident en France, soit 9 000 personnes chaque année. Parmi elles, de nombreuses personnes âgées. De tous temps, les personnes âgées de plus de 65 ans ont toujours été la population la plus à risque de décès par suicide.
Pour tous, le suicide apparaît comme la seule solution possible pour mettre fin à de grandes souffrances : maladie, deuil et isolement social font partie de ces grands maux qui semblent insurmontables et déclenchent le passage à l’acte. Isolés, sans personne à qui confier leur mal-être, ces aînés esseulés ne parviennent plus à gérer leur douleur et ne savent plus vers qui se tourner.
Lutter contre l’isolement, c’est donc lutter contre l’un des facteurs de risques majeurs du suicide…
Et recréer du lien social, c’est aussi agir contre la dépression, l’autre élément déclencheur du suicide comme l’explique François Puisieux, gériatre au CHU de Lille : « Les conséquences de l’isolement, ce sont d’abord des troubles psychiques, et en particulier dépressifs. L’absence de lien social contribue beaucoup à la dépression chez le sujet âgé. La meilleure façon de lutter contre cette dépression, c’est le maintien d’un lien social de qualité. C’est un élément protecteur contre le risque de passage à l’acte suicidaire. La solution est humaine, elle n’est pas seulement médicamenteuse. La bonne pilule antidépressive, c’est le lien social ! ».
Recréer du lien social pour redonner le goût de la vie…
L’une des dernières études des Petits Frères des Pauvres (étude Petits Frères des Pauvres consacrée aux liens entre solitude, isolement de nos aînés et territoires, CSA Research en 2019) révèle que plus de 3 millions d’aînés sont en risque d’isolement social. Parmi eux, beaucoup témoignent d’un sentiment d’inutilité que leur renvoie la société : « Avant, nous étions la mémoire, maintenant la mémoire elle est dans une boîte et on ne sert plus à rien. À quoi ça sert de vivre donc ? On a l’impression de gêner plus qu’autre chose. », déplore Marie-Anne, 67 ans.
À l’heure actuelle, les personnes âgées sont victimes de nombreux préjugés sur la vieillesse et d’images négatives qui ont un impact sur l’image qu’elles ont d’elles-mêmes et la place qui leur est faite. C’est pourquoi les Petits Frères des Pauvres luttent pour changer le regard sur la vieillesse et tentent de recréer du lien social.
Pour cela, plus de 13 000 bénévoles et 600 salariés œuvrent dans toute la France pour développer diverses actions afin de permettre à nos aînés de retrouver goût aux plaisirs de la vie et une juste place dans la société.
« Le bénévole mais c’est aussi le cas de tout citoyen, peut dire à la personne âgée qu’elle existe pour quelqu’un. Le lien social est plus qu’important pour une personne fragile, il est vital. Grâce à lui, elle peut se ressourcer, se sentir valorisée et donc reprendre goût à la vie », explique Mélanie Rossi, cheffe de projet Téléphonie sociale chez les Petits Frères des Pauvres.
Chacun peut agir dans la prévention du suicide
Pour cette nouvelle journée mondiale de prévention du suicide, l’Union Nationale de Prévention du Suicide (UNPS) avec ses associations adhérentes dont les Petits Frères des Pauvres, lance sa nouvelle campagne : « Plaidoyer pour une prévention partagée ». Elle rappelle que prévenir le suicide est souvent possible et que chacun d’entre nous est un acteur clé.
Première étape, lever le tabou et oser parler du suicide pour dépasser les craintes. Pour cela, être correctement informés est une étape essentielle.
Tout le monde peut être à l’écoute et contribuer à améliorer la qualité de vie des personnes âgées qui nous entourent. Un appel, un mot, un sourire, un geste, une oreille attentive… « Écouter une personne âgée parler de suicide et de mort, est en soi un acte de prévention : il se crée alors un espace de parole et d’altérité. La vie peut alors se partager, la part de mort ne prend plus toute la place en elle. Elle arrivera, mais lentement, en son temps, naturellement… », explique Jean-Louis Wathy, bénévole des Petits Frères des Pauvres de Montreuil (93).
Vous peinez à trouver les mots face à une personne âgée suicidaire, vous ne savez pas comment réagir ? Voici 5 bons réflexes pour agir.
Si vous préférez passer le relai ou que la situation vous semble difficile, il existe Solitud’écoute, la ligne d’écoute et de soutien téléphonique anonyme et gratuite des Petits Frères des Pauvres destinée aux personnes de plus de 50 ans souffrant de solitude, d’isolement ou de mal-être. Le 0 800 47 47 88 est joignable tous les jours (y compris les week-ends et jours fériés) de 15h à 20h.